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Pour l'institut Montaigne, aucun candidat n'est réaliste sur le plan budgétaire

Aucun candidat ne voit son cadrage budgétaire complètement validé

Aucun candidat ne voit son cadrage budgétaire complètement validé - Patrick Kovarik - AFP

Le think tank libéral reproche à Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Marine Le Pen de sous-évaluer leurs dépenses. Il revoit par ailleurs drastiquement à la baisse l'ampleur des économies prévues par François Fillon et Emmanuel Macron.

La crédibilité des programmes des prétendants à l'Élysée est à nouveau pointée du doigt. Il y a deux semaines, le Coe-Rexecode avait ainsi publié une étude très critique sur les différents projets des cinq principaux. Seul François Fillon avait été plus ou moins épargné par l'institut, qui s'était au passage vu reprocher un manque de rigueur et de professionnalisme par Jean Pisani-Ferry, le directeur du programme d'Emmanuel Macron. Il faut dire que le Coe-Rexecode avait estimé à 35,5 milliards d'euros les dépenses nouvelles du leader d'En Marche! là où ce dernier affirme n'en avoir que 15 milliards.

Jean Pisani-Ferry va-t-il davantage se satisfaire de l'évaluation de l'institut Montaigne, publiée ce vendredi? À voir.

Dépenses minimisées

En tout cas, le think tank libéral, qui adopte un ton très neutre dans son évaluation, épargne cette fois le leader d'En Marche! sur le volet "nouvelles dépenses". L'institut Montaigne arrive à un chiffre de 16 milliards d'euros soit presque la même évaluation que les équipes d'Emmanuel Macron. L'institut Montaigne conforte aussi plus ou moins François Fillon dans son évaluation des nouvelles dépenses. Le think tank les évalue à 11,9 milliards d'euros contre 15 milliards selon l'évaluation du candidat.

En revanche, les trois autres principaux candidats se voient sévèrement épinglés. Marine Le Pen, notamment, avec un niveau de dépenses estimé à 102 milliards d'euros, dont un tiers lié à sa volonté de faire progresser les dépenses militaires jusqu'à 3% du PIB. Pour Benoît Hamon, la facture totale s'élèverait à 104 milliards d'euros, soit 33 milliards de plus que ce que le candidat assure. La palme revient à Jean-Luc Mélenchon dont les nouvelles dépenses sont chiffrées à 208 milliards d'euros (contre 173 milliards affichées dans son programme).

Des économies revues à la baisse

Pour accompagner l'important niveau de ses dépenses, Jean-Luc Mélenchon met également en place de nombreuses hausses d'impôts. Mais là où le candidat évalue les recettes supplémentaires à 122 milliards d'euros, l'institut Montaigne ne les estime qu'à 89 milliards. Emmanuel Macron voit lui aussi le montant de ses nouvelles recettes largement revu à la baisse: de 12,5 à 4,8 milliards d'euros, soit 2,5 fois moins. L'institut Montaigne remet ainsi en cause le chiffrage des recettes générées par la fiscalité écologique que prône le leader d'En Marche!.

Autre point sur lequel les estimations d'Emmanuel Macron sont mises à mal: les économies. L'institut Montaigne n'en retient que 35,5 milliards sur les 60 milliards promis par l'ex-ministre de l'Économie soit grosso modo la même évaluation que le Coe-Rexecode. Il faut dire que l'institut Montaigne a purement et simplement choisi de ne pas retenir les 10 milliards qu'Emmanuel Macron compte faire économiser aux collectivités locales. En creux, il semble considérer que le leader d'En Marche! n'arriverait pas à contraindre les élus locaux à davantage de rigueur budgétaire.

A vrai dire tous les autres candidats se font plus ou moins recadrés sur les économies. Ainsi l'institut Montaigne ne retient que 66,6 milliards d'euros sur les 100 milliards promis par François Fillon, mettant notamment en doute la possibilité pour le candidat des Républicains d'arriver à réduire le nombre de fonctionnaires de 500.000 sur le quinquennat. Le scénario retenu, deux fois moins ambitieux, correspond à celui que prônait Alain Juppé.

Marine Le Pen se voit recadrée de façon encore plus cinglante. Alors que la candidate frontiste avance 58 milliards d'euros d'économies, l'institut Montaigne, n'en retient lui que…. 1,6 milliard. Le think tank n'a ainsi retenu que 600 millions d'euros liés à la suppression de l'aide médicale d'État et 1 milliard d'euros d'économies sur la Sécurité sociale.

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Julien Marion