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Finances publiques

Pour Rexecode, le gouvernement n'a pas fait "suffisamment d'efforts d'économies"

Invité sur le plateau de Good Morning Business, le directeur des études de Rexecode Emmanuel Jessua est venu présenter, en avant-première, les grandes tendances de l'étude Rexecode pour l'année 2020.

Quelles grandes tendances pour 2020? L'institut d'études économiques Rexecode s'est penché sur la question et a présenté, ce mardi dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business, les principaux points à retenir pour l'année à venir.

D'abord au niveau mondial, Rexecode n'envisage pas de récession pour l'année prochaine. "On ne voit pas tous les marqueurs habituels qui précèdent une récession", témoigne le directeur des études de Rexecode Emmanuel Jessua. "Certes, il y a un ralentissement mondial, par rapport à la période entre l'été 2017 et le printemps 2018. Là, on a perdu un point de croissance. (…) Mais on devrait à peu près rester sur ce plateau." Pas d'explosion du prix du pétrole, pas de hausse des taux d'intérêts, pas de crise de solvabilité ou de surendettement à l'horizon pour l'instant…

"Les moteurs de la croissance vont être assez différents"

Du côté de la zone euro, la croissance restera "très atone", l'année prochaine. "On va rester probablement, quelques années, en dessous du potentiel de croissance de la zone euro mais la France sera peut-être de ce point de vue-là, un peu plus atypique. La croissance française fait toujours un petit peu moins bien que ses voisins quand ça va très bien et un petit peu mieux, quand ça va moins bien" explique-t-il.

Rexecode a aussi examiné en détail le budget français pour 2020. Un budget "atypique" souligne Emmanuel Jessua qui rappelle qu'il a été façonné pour répondre, en partie, à la crise des gilets jaunes. "Les moteurs de la croissance vont être assez différents" affirme-t-il. "Fondamentalement, on a un ralentissement des résultats d'exploitation" des entreprises "qui va probablement peser sur l'investissement". A cela, s'ajoute un "cycle électoral communal (les élections municipales début 2020, NDLR) qui va peser sur l'investissement public". C'est donc la consommation des ménages qui va prendre le relais.

"Retour de l'impôt sur les sociétés"

Mais si le gouvernement va baisser les prélèvements obligatoires sur les ménages de 18 milliards d'euros entre 2017 et 2020, il va augmenter les prélèvements sur les entreprises de 3,5 milliards d'euros, sur la même période, indique l'étude de Rexecode.

"C'est essentiellement lié" à "la manière dont la transformation du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, NDLR) en allègements de cotisations s'est réalisée. Les montants du CICE à 7 points (d'allègements, NDLR) qui existaient au moment où Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir sont, à peu près, équivalant au nouvel allègement (de charges, NDLR). Simplement, il y a une petite différence, c'est que le nouvel allègement accroît la marge imposable et donc l'impôt sur les sociétés." Il y un "retour de l'impôt sur les sociétés qui est de l'ordre de 5 milliards d'euros."

Enfin, du côté du déficit, Rexecode souligne que sa réduction sera "nulle", en 2020, notamment en raison "des baisses d'impôts plus importantes que prévues", insiste Emmanuel Jessua. "Surtout, on se prive de marges de manœuvres en ne faisant pas suffisamment d'efforts d'économies pour arriver à baisser également les prélèvements sur les entreprises", explique-t-il. "Sur les ménages, ça va aider la croissance à l'horizon 2020 mais, au-delà, ça va rien résoudre aux problèmes structurels de compétitivité".
Thomas Leroy