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Fillon et Juppé entendent mettre les élus locaux à rude épreuve

Les maires ( ici hôtel de ville d'Orléans) vont devoir négocier le passage aux 39 heures

Les maires ( ici hôtel de ville d'Orléans) vont devoir négocier le passage aux 39 heures - Guillaume Souvant-AFP

Inquiétude chez les élus locaux, de droite comme de gauche. Le programme d’Alain Juppé et, plus encore, celui de François Fillon prévoient en effet une sérieuse cure de rigueur pour les collectivités locales.

Après avoir critiqué les baisses de subventions de l’Etat décidées par François Hollande et Manuel Valls depuis 2014 - baisses qui ont d’ailleurs ont été revues…à la baisse à l’approche des élections- les élus locaux prennent conscience qu’ils vont encore devoir se serrer la ceinture.

En effet, sur les 85 à 110 milliards d’économies sur les dépenses publiques promises par Alain Juppé et François Fillon durant le quinquennat, une part non négligeable de l'effort reviendra aux collectivités locales. L'exigence des deux deux finalistes de la primaire n'est pas illégitime. Les budgets cumulés des collectivités territoriales représentent 250 milliards par an, dont plus de la moitié de repose sur des subventions et autres aides d'État. 

La bataille des baisses de subventions va donc être relancée. Et avec elle la question de la hausse des impôts locaux pour compenser le désengagement de l'État. 

Deux millions de fonctionnaires locaux

Autre sujet d'inquiétude pour les élus locaux: la réduction des effectifs de fonctionnaires (250 à 300.000 pour Juppé, 500.000 pour Fillon). Aujourd’hui, les collectivités locales emploient en effet près de 2 millions d’agents, soit presque autant que l’Etat. Surtout, elles ont énormément recruté depuis 10 ans comme le dénonce régulièrement la Cour des comptes.

Il paraît donc logique qu’elles soient en première ligne pour faire maigrir le secteur public. D’autant que beaucoup de leurs agents vont arriver à l’âge de la retraite. L’occasion de ne plus embaucher et de réduire les effectifs.

Mais les élus ne manqueront pas de faire valoir qu'il est impossible de tailler dans les effectifs sans remettre en cause certains services rendus à la population. Un argument qui fait toujours mouche, y compris auprès d'électeurs souhaitant une baisse de la dépense publique au plan national.

Passer de 35 à 39 heures

Enfin, la question du temps de travail va devenir centrale. François Fillon veut faire repasser les 2 millions de fonctionnaires territoriaux de 35 à 39 heures, ce qui permettrait selon lui de "récupérer" l'équivalent du temps de travail d'une grande partie des 500.000 postes qu'il veut voir disparaître. Alain Juppé, lui, préfère propose de négocier une hausse du temps de travail sans plus de détail.

En privé, les élus locaux ne sont pas contre le principe. Dans beaucoup de collectivités, on travaille actuellement moins que les 1.607 heures annuelles légales en raison de jours de congés généreusement octroyés aux agents au fil des ans. Sauf que le passage aux 39 heures va obliger tous les élus à négocier avec leurs agents et avec leurs syndicats qui sont très puissants. La rémunération de cette hausse sera l'un des points explosifs de cette négociation. C’est ce tête-à-tête que redoutent les maires ou les présidents de départements, en particulier dans les petites collectivités.

Ironie de l’histoire, le futur candidat socialiste à la présidentielle va pouvoir se poser en défenseur des collectivités locales et de leurs agents après leur avoir imposé une cure d’austérité! Mais en politique, les retournements de situation sont fréquents.

P.C