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Pourquoi il ne faut pas s'attendre à une relocalisation massive des productions

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Si la crise a mis un coup d'arrêt au commerce international et perturbé les chaînes de production de nombreux secteurs industriels, une relocalisation massive des usines paraît "une quête impossible" selon l'assureur-crédit Coface.

Une relocalisation à grande échelle des productions en France dans les mois à venir est-elle envisageable? Selon une note de l'assureur-crédit Coface publiée mardi, une telle prévision ne risque pas d'advenir de sitôt.

"Une relocalisation complète des processus de production au niveau national ou régional soulève des problèmes de hausse des coûts de production et de manque de compétences locales", explique la compagnie.

"Même si ces deux problèmes étaient résolus, ce nouveau processus de production local serait toujours dépendant de la fourniture de matières premières, qui reste très contraint par leur localisation", ajoute encore l'assureur-crédit, pour qui "les chaînes de valeur mondiales "conservent un brillant avenir".

Chute des échanges au niveau mondial

Face aux perturbations dont ont souffert beaucoup d'entreprises du fait des arrêts de production en Chine au début de l'année, l'idée de relocaliser des activités a resurgi dans de nombreux pays.

La pandémie et les mesures de confinement mises en place dans le monde ont entraîné une chute des échanges mondiaux, aggravée par les mesures de restrictions des exportations prises sur les produits médicaux ou alimentaires.

En 2020, la valeur des biens et services échangés à travers le monde devrait donc baisser de 5%, prévoit la Coface, alors que l'OMC a évalué le déclin du commerce international entre 13% et 32% cette année.

"Les entreprises partout dans le monde ont réalisé leur dépendance vis-à-vis de la Chine", à l'image de l'américain Apple ou du constructeur automobile sud-coréen Hyundai, constate également l'assureur-crédit qui doute cependant "de la faisabilité" d'une relocalisation des productions à grande échelle.

Car même si les différences de coûts de production entre pays ont diminué en vingt ans, ils restent "significatifs". "Le PIB par habitant de la Chine représentait 6% de celui des Etats-Unis en 2000, il est maintenant d'environ 30%", rappelle par exemple la Coface.

Des compétences difficilement transposables

Par ailleurs, les pays se sont spécialisés, développant compétences et capacités de production dans certains secteurs qui seront difficiles à transposer rapidement dans les pays de relocalisation. 

Une des options plus réaliste pourrait être une plus grande diversification des fournisseurs de la part des grands donneurs d'ordres. Mais même ce scénario a ses "défis", estime la compagnie. Notamment parce que les différents sous-traitants "sont très liés les uns aux autres, ce qui veut dire que leur exposition n'aura pas disparu" avec une diversification.

JCH avec AFP