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Economie et Social

Pourquoi la réforme des retraites va faire gagner de l'argent aux clubs de football

Une étude publiée par l'Institut de la protection sociale (IPS) met en exergue le fait que, sauf exceptions, le futur régime universel de retraite devrait largement profiter aux clubs de football professionnels. Démonstration.

Les clubs de football peuvent lui dire merci. Merci à la réforme des retraites et plus précisément aux nouvelles règles de calcul des cotisations qui pourraient bien, selon l'Institut de la protection sociale (IPS), réduire de manière drastique les cotisations de la grande majorité des footballeurs professionnels.

Révélée mardi par Le Figaro, l'étude explique que bon nombre de clubs de football de Ligue 1 pourraient économiser jusqu’à un demi-million d’euros par an et par club grâce au futur régime.

"A de très rares exceptions, les nouvelles règles de calcul des cotisations vont réduire les cotisations retraite de l’immense majorité des footballeurs professionnels, aboutissant ainsi à l’inverse de la volonté de justice sociale affichée par les promoteurs de la réforme", argumente l'IPS.

2,81% de cotisations pour les plus de 120.000 euros

Pour appuyer sa démonstration, l'institut explique que, dans le cadre du futur régime universel de retraite, tous les actifs qui gagnent jusqu'à 120.000 euros brut par an cotiseront au même taux de 28,12%. Et ce, quel que soit leur statut (cadre ou non cadre) ou leur secteur d'activité.

Au-delà de ce montant, les actifs les plus aisés seront contraints d'épargner s'ils veulent augmenter leur pension. Ils continueront toutefois à s'acquitter d'une cotisation de solidarité de 2,81% sur la partie de leur revenus au-delà du seuil de 120.000 euros. Mais celle-ci ne donnera lieu à aucun droit supplémentaire à la retraite. Elle servira uniquement à équilibrer le système. Sauf que ce changement a une conséquence pour… les footballeurs professionnels. 

La règle du "net-net"

En moyenne, les joueurs professionnels des clubs de foot français perçoivent une rémunération de 73.000 euros brut mensuel. Ils sont donc largement au-dessus du plafond de 120.000 euros brut par an.

En outre, leurs contrats sont le plus souvent conclus en "net-net". Ce qui signifie que ce sont leurs clubs qui prennent en charge l'ensemble des charges sociales (salariales et patronales) et des impôts. Le but: que les joueurs perçoivent la rémunération nette convenue au départ.

Sauf que: compte tenu de cette révision de cotisations, ce sont les clubs auxquels ils appartiennent qui vont économiser les charges obligatoires appliquées au-delà du plafond de 120.000 euros brut. Une économie qui, selon l'IPS, devrait osciller entre 150.000 et 500.000 euros par an et par club et qui, selon Bruno Chrétien, le président de l’IPS, "procurera pour ces clubs une sorte de subvention sur la masse salariale". On est donc bien loin, pointe-t-il, "de la volonté de justice sociale affichée par les promoteurs de la réforme".

"Ce simple exemple montre toute la complexité d’une réforme qui veut englober à la fois les régimes de base et les régimes complémentaires. La logique de cette redistribution 'à l’envers' qu’organisent les nouvelles règles devrait être expliquée par les promoteurs du projet. Sinon, l’acceptation de la réforme par les Français risque d’être compliquée", conclut le document.

Darmanin contre-attaque

Mercredi sur RTL, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, n'a pas manqué de détricoter la démonstration de l'IPS et à remettre en question la crédibilité de l'institut. Selon lui, les clubs de football professionnels n'y gagneront pas dans la mesure où ils auront, de toute façon, cette fameuse cotisation de 2,81% à payer pour les salaires qui dépassent 120.000 euros brut par an.

Sauf que les nouvelles règles de calculs rognent effectivement les cotisations dont devront s'acquitter les clubs de footballs professionnels. Rappelons que pour l'instant, des taux de cotisation "normaux" s'appliquent jusqu'à huit fois le plafond de la Sécurité sociale (soit autour de 324.000 euros par an). Au-delà, il existe déjà un taux de cotisation de solidarité fixé à 2,3%. 

De quoi faire les bons comptes d'un secteur déjà souvent contesté tant pour les montants des fonds brassés que pour les salaires versés aux joueurs.

Julie Cohen-Heurton