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Pourquoi la tassement de la croissance est "temporaire", selon le patron de la Banque de France

François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, estime que, si les prévisions de croissance se réduisent pour 2020, il ne s'agit que d'un "tassement temporaire".

La France "n'est pas condamnée à l'immobilisme et à échouer dans ses réformes" est venu rappeler, ce mardi, François Villeroy de Galhau, sur BFM Business dans l'émission Good Morning Business. S'il refuse de se prononcer sur le mouvement de grève actuel, il rappelle que certaines réformes se sont très bien déroulées, comme celle de l'imposition des revenus à la source. "On a fait beaucoup de réformes efficaces, pour développer l'emploi et faire baisser le chômage en France ces dernières années, tous gouvernements confondus", assure-t-il.

C'est peut-être ce qui permet à la France d'afficher une croissance modeste en 2019 (1,3%) mais qui reste bien plus élevée que ses voisins. Reste que les nouvelles prévisions ont été abaissées pour 2020 par la Banque de France. "Nous avons un tassement temporaire en 2020 (…) à 1,1%, compte tenu de l'environnement extérieur" explique-t-il. "Et nous prévoyons que l'on retrouve le rythme de 1,3% en 2021 et 2022." Ce ralentissement pour 2020 s'amorce en réalité en cette fin d'année et "cela a un effet de report assez important sur 2020" explique le gouverneur.

Demande extérieure divisée par trois

Dans les détails, "il existe une dichotomie extrêmement forte" sur la croissance, explique-t-il, entre la demande intérieure et la demande extérieure. "La consommation des ménages et surtout l'investissement des entreprises tiennent bon" insiste le gouverneur. En sens inverse, la demande extérieure "marque énormément le pas". Entre les prévisions de l'année dernière et celles d'aujourd'hui, elle a ainsi été divisée par trois.

Mais de marteler que "la demande intérieure est beaucoup plus importante pour la croissance. (…) C'est la composante la plus importante de la croissance française" insiste François Villeroy de Galhau. Avec une mention spéciale, donc, pour l'investissement des entreprises puisque c'est "doublement prometteur" assure le gouverneur. "Cela veut dire d'abord que les entrepreneurs français gardent confiance" mais aussi que l'investissement d'aujourd'hui prépare "la croissance et l'emploi de demain." Selon lui, "on a des éléments de résistance, de bonne santé de l'économie française dans ces chiffres mais, c’est vrai", il y aura un "tassement temporaire en 2020" résume-t-il.

"Quelle est la qualité des dépenses publiques?"

Il est aussi revenu sur le déficit qui dépassera de nouveau les 3% en 2019. Mais ce chiffre est à tempérer car il "est majoré par un effet technique de double compte", liée à la transformation du CICE (le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) en baisses de charges pérennes, explique le gouverneur. "Le déficit en régime de croisière, si j'oublie ce compte, il est un peu au-dessus de 2%. (…) C'est encore beaucoup" reconnait-il.

Mais "au-delà des chiffres sur le budget", il y a "un débat dont on ne parle jamais" poursuit-il. "Quelle est la qualité des dépenses publiques et des investissements qu'on fait avec cet argent? Et je crois que, dans le contexte de taux d'intérêt bas que nous connaissons, on peut imaginer peut-être d'utiliser cette opportunité pour faire davantage d'investissements ou des dépenses dans l'éducation".

Thomas Leroy