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Economie et Social

Pourquoi supprimer la taxe d'habitation est "absurde", selon Pierre-René Lemas (ex-secrétaire général de l’Élysée)

Fer de lance de la politique fiscale d'Emmanuel Macron, la suppression de la taxe d'habitation se révèle forcément appréciable du côté des foyers exonérés. Mais l'ancien secrétaire général de l’Élysée et ex-directeur général de la Caisse des dépôts, Pierre-René Lemas, ne l'entend pas tout à fait de cette oreille.

Le dernier ouvrage de Pierre-René Lemas intitulé "Des princes et des gens. Ce que gouverner veut dire" publié début octobre (Seuil), se présente, tel que le souligne l'éditeur, comme une "leçon de vie politique".

Un livre au sein duquel celui qui connaît la France sur le bout des doigts pour l'avoir sillonnée compte tenu de ses anciennes fonctions de préfet notamment, mesure "la dangereuse distance existant entre les élus et les citoyens dans nos démocraties". Mais une "réflexion lucide" qui ne l'empêche pas de dire les choses sans détour. Notamment en ce qui concerne la surpression de la taxe d'habitation.

Invité ce mercredi sur le plateau de 12H L'Heure H, Pierre-René Lemas reconnaît que "les gens sont toujours contents qu'on supprime un impôt (…) Mais les gens ont envie qu'on supprime ou que l'on diminue un certain nombre d'impôts quand ils ne savent pas à quoi ça sert. Tandis que la taxe d'habitation (…) vous savez à quoi ça sert", rappelle-t-il.

"Vous savez que ça sert à refaire une route, à mettre un feu rouge, à organiser le marché, à faire des travaux. Et moi je trouve que garder un lien entre l'impôt que vous payez et de l'autre ce à quoi sert l'impôt que vous payez, pouvoir le voir, c'est extrêmement important d'un point de vue citoyen. Voilà pourquoi je trouve que ce n'était pas forcément la meilleure idée d'avoir supprimé cette taxe".

Repenser l'aménagement des territoires

En outre, même si la suppression de la taxe d'habitation a pour but de redonner du pouvoir d'achat aux ménages français, Pierre-René Lemas considère que bien d'autres leviers peuvent (ou auraient pu) être activés pour redonner du souffle à la France et, éviter, ainsi des crises sociales comme celle des "Gilets Jaunes".

Selon lui, si la décentralisation du pouvoir opérée il y a deux décennie se voulait totalement fondée et nécessaire, il y a aujourd'hui, tous gouvernements confondus, "une tendance à la recentralisation (…) qui est continue depuis une vingtaine d'années (…) et que " la vraie réponse" est "dans la récréation d'une politique d'aménagement des territoires. Il faut repenser l'aménagement des territoires à l'ère du numérique, à l'ère de l'économie nouvelle, à l'ère des start-ups. C'est ça la réponse", assure-t-il, afin de récréer de l'activité économique et faire en sorte, lance-t-il, que "cette vieille France" devienne "disruptive".

J.C-H