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Finances publiques

Pouvoir d'achat: le gouvernement fait tout pour rendre ses mesures populaires

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin et le ministre des l'Économie Burno Le Maire.

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin et le ministre des l'Économie Burno Le Maire. - Martin Bureau / AFP

Encadré sur l’avis de taxe d’habitation pour rappeler la baisse de 30%, ligne supplémentaire sur la fiche de paye pour souligner la suppression des cotisations salariales, le gouvernement fait tout pour rendre visible sa politique fiscale aux yeux des salariés. Bercy craint que d'autres éléments ne masquent les effets de sa politique.

Le gouvernement martèle qu’il mène une politique en faveur du pouvoir d’achat des Français, et fait tout pour que ces derniers soient de cet avis. Outre les déclarations dans les médias, la communication ministérielle va jusqu’à se glisser dans les documents administratifs.

Après un encadré sur l’avis de taxe d’habitation, c’est au tour de la fiche de paye d’avoir droit à une ligne supplémentaire. Pour l'un comme pour l'autre, l’objectif est le même: afficher le gain net de pouvoir d’achat. Bercy veut s’assurer que les résultats de ses mesures sautent aux yeux des salariés et ne soient pas masqués par d’autres paramètres.

Les taxes pèsent sur le pouvoir d'achat

Car le gouvernement rame avec sa politique budgétaire, surtout avec l’augmentation de la CSG de 1,7%. Pour les retraités, la mesure les frappe de plein fouet, mais pour les salariés, celle-ci est compensée par une baisse des cotisations sociales.

Problème, la hausse de la CSG est intervenue dès le 1er janvier, alors que la contrepartie se fait en deux temps. Depuis le début d’année, le taux de 0,75% de cotisation maladie est supprimé, mais pas les cotisations chômages qui devront attendre le 1er octobre. En attendant, ces dernières sont passées de 2,4% à 0,95%. Pour l’instant, cette mesure ne rapporte qu’un peu plus de 10,60 euros par mois pour une personne percevant un salaire brut de 2000 euros mensuels.

Le gain est trop faible pour que les Français s’en rendent compte, car en parallèle le coût de la vie est plus cher, là-aussi du fait du gouvernement qui a augmenté la fiscalité indirecte, notamment les taxes sur le diesel et les cigarettes. D’ailleurs l’Insee a indiqué dans ses premières estimations que le pouvoir d’achat devrait "marquer le pas" début 2018.

La crainte d'un effet psychologique

L’institut est en revanche beaucoup plus optimiste pour la fin de l'année. D’abord le premier abattement de 30% de la taxe d’habitation devrait redonner le sourire aux 80% des Français qui vont en bénéficier. Sauf, si les collectivités ont décidé d’augmenter les impôts locaux. C’est pour s’assurer que les contribuables ne lui rejettent pas la faute, que Bercy va faire figurer un encadré sur l'avis d'impôt qui précisera le montant qu'ils auraient payé uniquement avec la baisse de 30%.

Du côté de la fiche de paye, la suppression totale des cotisations salariales pour l’assurance chômage à partir d'octobre va également faire du bien au portefeuille. La mesure portera le gain mensuel à 29,60 euros pour une personne percevant un salaire brut de 2000 euros par mois. Mais à peine les Français auront-ils pu apprécier ce gain de pouvoir d’achat, que le prélèvement à la source pourrait leur mettre un coup au moral, en voyant un salaire net plus faible s'afficher sur leur fiche de paye. Le gouvernement craint cet effet psychologique au point de faire figurer une ligne supplémentaire sur le bulletin de salaire, explicitant le gain obtenu avec la suppression des cotisations salariales.

De l'Insee à l'OFCE, les observatoires s'accordent à dire que les mesures fiscales du gouvernement auront un impact positif sur le pouvoir d'achat des Français à la fin de l'année. Cette contribution sera encore plus forte en 2019, selon l'Observatoire. Bercy fait tout pour imprimer ce message dans l'esprit des Français.

Jean-Christophe Catalon