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Finances publiques

Pouvoir d'achat : non, les annonces d'Emmanuel Macron ne sont pas des "mesurettes"

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- - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le pouvoir est-il sourd aux attentes des gilets jaunes ? Encore une fois lors de la mobilisation de ce week-end, on a entendu des manifestants parler de "blabla", de "mesurettes", de "miettes". Mais est-ce vraiment le cas ?

Il suffisait de s'arrêter près des rassemblements des gilets jaunes ou de regarder BFMTV ce week-end, pour entendre les reproches, souvent les mêmes, de ceux qui critiquent Emmanuel Macron. "Mesurettes", "miettes", "blabla"... Les gilets jaunes ne veulent pas des prochaines mesures du Président. 

Mais dire ça, revient à de la malhonnêteté intellectuelle. Au total, les mesures dépasseront les 15 milliards d'euros. On ne peut donc pas dénoncer la taxe carbone et considérer que son gel ne vaut rien, dénoncer la hausse de la CSG et juger que sa baisse n'aura aucun effet, dénoncer la sous-indexation des retraites et rester insensible à la réindexation.

Emmanuel Macron va donc prendre la parole jeudi, et l'on peut déjà penser que les plus virulents seront insatisfaits par ses annonces. Pourtant, si on analyse bien la liste des mesures, objectivement, le compte y est largement.

Les gilets jaunes ont dit "non à la hausse de taxe carbone qui frappe les carburants". Elle a été gelée jusqu'en 2022. Ils ont dit "non au 80km/h sur les routes". L'arbitrage va être rendu aux pouvoirs locaux. On a entendu : "non à la hausse de la CSG pour les petites retraites". Elle a été abaissée sous 2 000 euros de revenus. Ils souhaitaient une "hausse du Smic". Le pouvoir d'achat autour d'un Smic net mensuel a été gonflé de 100 euros par la hausse de la prime d'activité.

Sont venues s'ajouter des mesures pour les actifs qui n'étaient pas dans les revendications : prime défiscalisée en entreprise jusqu'à 1 000 euros, sans doute pérennisée, heures supplémentaires défiscalisées, les deux premières tranche d'impôt sur le revenu qui devraient être abaissées, un fonds public qui assurera le versement des pensions alimentaires des mères seules;

Bien sûr, certaines attentes sont restées sans suite : pas de retour de l'ISF mais le bilan de sa suppression pourra justifier des corrections en 2020. Pas de TVA à 0% sur les produit de première nécessité. Pour ces deux dernières mesures, la demande reste très forte mais elles constituent sans aucun doute, une illusion en terme de pouvoir d'achat. Et là, ce serait du "blabla" !