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Economie et Social

Pouvoir d’achat, vous avez dit pouvoir d’achat !

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- - Philippe Huguen - AFP

Pour augmenter le pouvoir d'achat, une solution existe : diminuer le nombre de fonctionnaires.

La plupart des commentaires sur le budget de l’Etat pour 2019 ont porté sur l’ampleur du pouvoir d’achat rétrocédé aux ménages grâce aux multiples réaménagements fiscaux. Les chiffres se sont multipliés et nos dirigeants politiques ont rivalisé pour déterminer celui qui se voulait le plus généreux. Personne n’a le courage de rappeler comme l’avait fait en son temps Raymond Barre, que la France vit au-dessus de ses moyens.

Régulièrement, on s’alarme du déficit commercial, réclamant à nos entreprises davantage de dynamisme à l’export. Ce faisant, on fait mine d’ignorer que le problème essentiel est celui de notre niveau d’importations, niveau qui tient à un excès de consommation dû à un pouvoir d’achat trop élevé. Certes, la situation extérieure est moins grave que ce que disent les chiffres du commerce extérieur, car nos relations avec l’étranger ne se limitent pas à des échanges de marchandises : nous recevons de nombreux touristes ; la finance française, dont certains se plaisent ou se plurent naguère de façon démagogique et foncièrement grotesque à proclamer que « c’est leur ennemi », est particulièrement performante à l’international. Le déficit de notre balance des paiements courants n’est donc pas catastrophique : il était de 13 milliards d'euros en 2017. Mais il devrait se creuser cette année du fait de l’alourdissement de la facture pétrolière.

Cela signifie qu’au lieu de claironner sur tous les toits que l’on va accroître le pouvoir d’achat par des baisses d’impôts sans tenir compte de la réalité économique de la France et de sa réalité budgétaire, il conviendrait de retrouver la sagesse de Raymond Barre. C’est-à-dire de dire la vérité qui impose que toute baisse d’impôt en faveur de tel ou tel groupe social exige compensation. Celle-ci peut se faire au détriment d’un autre groupe social.

Mais elle peut se faire sous forme d’une augmentation de l’efficacité de notre secteur public. Moins de fonctionnaires mieux payés permet d’accroître leur pouvoir d’achat individuel tout en diminuant la masse salariale publique et donc dans la foulée de réduire les impôts. Ainsi l’accroissement du pouvoir d’achat des contribuables est supportable car la baisse des dépenses publiques permet d’éviter le gonflement de la demande globale qui nourrit celui des importations.

C’est si évidemment simple à comprendre que l’on est en droit de se demander pourquoi la mise en œuvre effective de la baisse des effectifs publics est si lente…

Jean-Marc DANIEL