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Présidence du Medef: les candidats, leur programme, leurs soutiens

Laurence Parisot fait planer le doute sur une annonce de sa candidature

Laurence Parisot fait planer le doute sur une annonce de sa candidature - -

Les informations contradictoires sur une annonce prochaine de la présidente sortante du Medef à propos de sa candidature se succèdent. Quelles sont, à ce jour, les forces en présence dans la course à la tête de l'organisation patronale ?

Ira, ira pas ? Laurence Parisot a démenti, ce mercredi 27 février, l'information des Echos selon laquelle elle pourrait officialiser sa candidature à un troisième mandat jeudi ou vendredi.

D'ailleurs tant que les statuts de l'organisation n'ont pas été modifiés, elle ne peut pas y prétendre. En attendant, d'autres placent leurs pions. Comme Geoffroy Roux de Bézieux, le PDG de Virgin Mobile, qui a officialisé sa candidature lundi 25 février.

La date-limite pour entrer dans la course est fixée au 1er mai, et celle de l'élection au 1er juillet. A ce jour, il y a cinq candidats officiels à la présidence du Medef. Et deux autres sont susceptibles de l’être. Voire trois : certains observateurs voient en Denis Kessler, numéro deux du Medef du temps d'Ernest-Antoine Sellière (1998 à 2002), un candidat potentiel. Mais pour une année seulement : le patron du réassureur Scor ne souhaiterait pas quitter son poste, et les actionnaires ne lui accorderaient pas plus d'un an de liberté.

Présentation de ceux qui veulent la place de Laurence Parisot...


(REUTERS/Pool new)

Fréderic Saint-Geours

> Qui-est-ce ?

Fréderic Saint-Geours va-t-il se déclarer ? De tous les candidats éventuels, le chef des marques de PSA est l’un des derniers à ne pas s’être encore prononcé. Il s’est contenté de s’opposer à un nouveau mandat de l’actuelle présidente, Laurence Parisot qui se verrait bien continuer.

Cet énarque de 62 ans, numéro deux de PSA, préside l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), la fédération la plus puissante du Medef, considérée comme le "faiseur de roi" de l'organisation.

Issu d’une famille de fonctionnaires étiquetés à gauche, il est considéré comme socialo-compatible et serait un adversaire de poids face à l’actuelle présidente de l’organisation.

> Quel est son programme ?

Pas de programme officiel sans candidature. Mais Frédéric Saint-Geours a déjà indiqué que l’UIMM présenterait un projet à l’issue de sa convention du 6 mars, dont l’un des principaux axes sera la compétitivité.

> Qui le soutient ?

Sa puissante fédération, l’UIMM, devrait le soutenir s’il se décidait à entrer dans la course.


(Flickr)

Geoffroy Roux De Bézieux

> Qui-est-ce ?

Le président de Virgin Mobile, archétype de ces entrepreneurs du web et des télécoms qui ont réussi, est le dernier en date à avoir confirmé sa candidature. Le cinquantenaire qui avait déjà envisagé de succéder à Laurence Parisot en 2009, avant d’y renoncer, est aussi l’ancien président de Croissance Plus et de l’Unedic.

> Quel est son programme ?

Il souhaite redonner ses lettres de noblesse à la prise de risque, "réinsuffler l’esprit entrepreneurial", lutter "contre l’invasion du principe de précaution", a-t-il déclaré au Figaro du 26 février. Il veut promouvoir l’entreprenariat à l’école, avec un chapitre dédié dans les manuels d’économie.

Sur la compétitivité, il militera pour baisser le coût du travail, notamment en transférant les cotisations familiales sur la CSG. Concernant les retraites, il estime "non négociable" un allongement de la durée d’activité. Il mise également sur des négociations intra-entreprises pour mettre au point une organisation du travail adaptée.

> Qui le soutient ?

La Fédération des télécoms, dont il est membre, est derrière lui. Il a également le soutien des patrons qui louent son aura médiatique, et de certains Medef départementaux, où il a noué des contacts.


(thibaultlanxade.com)

Thibault Lanxade

> Qui-est-ce ?

Le PDG et co-fondateur d’Aquoba, l’opérateur de cartes de paiement sur mesure, a commencé sa carrière chez Shell à la fin des années 90. Il est aussi passé chez Butagaz en 2004, et chez Gazinox au milieu des années 2000. Auteur de rapports sur le monde du travail, il crée sa propre entreprise, non dans le secteur énergétique mais dans la technologie.

> Quel est son programme ?

Il veut "dépoussiérer" l’organisation patronale, selon ses mots. Il entend faire du Medef "la maison des entrepreneurs", et insiste sur la nécessité de faire communiquer le syndicat patronal avec sa base.

> Qui le soutient ?

Des entrepreneurs, séduits par sa volonté de faire entendre leur voix, de leur permettre de "s’approprier les modes d’organisation et de fonctionnement" du Medef.


(Xerfi)

Pierre Gattaz

> Qui-est-ce ?

Le président du directoire de Radiall, une ETI qui fabrique des équipements électroniques de connectique, est le fils d’Yvon Gattaz, l’ex-patron de l’ancêtre du Medef, le CNPF. A 53 ans, cet ingénieur télécoms préside le groupe des fédérations industrielles au Medef.

> Quel est son programme ?

Il entend plaider la baisse du coût du travail et demandera à aller plus loin dans la réduction des dépenses publiques.

> Qui le soutient ?

Membre de l’UIMM, il se veut toutefois le candidat des entrepreneurs de terrain.


(AFP)

Patrick Bernasconi

> Qui-est-ce ?

Le patron de la Fédération nationale des travaux public et dirigeant de Bernasconi TP, une PME familiale de BTP, ne sera candidat qu’à condition que Laurence Parisot renonce. A 57 ans, il est considéré par tous comme le dauphin de l’actuelle présidente du Medef. Chef de la délégation patronale lors des négociations sur la sécurisation de l’emploi, il jouit d’une bonne image auprès des syndicats.

> Quel est son programme ?

Comme pour Frédéric Saint-Geours, sans candidature, il n’y a pas de programme. Mais s'il se décidait, cet homme de consensus devrait défendre une plus grande collaboration entre patrons de PME et de grandes entreprises.

> Qui le soutient ?

Ceux qui ne veulent pas voir l’UIMM placer son homme à la tête de l’organisation, ainsi que ceux qui souhaitent voir les patrons de PME et de plus grosses entreprises travailler main dans la main.

Hervé Lambel

> Qui-est-ce ?

Le co-fondateur du CERF (Créateurs d’emplois et de richesses en France), et de HLDC, une société de services et d'investissement, est l’outsider de cette élection. Il a été le premier à annoncer sa candidature.

> Quel est son programme ?

Celui qui a inspiré au gouvernement précédent la défiscalisation des heures supplémentaires défend l’investissement et l’allègement de la fiscalité. Il veut ainsi faire supprimer la TVA inter-entreprises, transformer l’actuel impôt sur la fortune en impôt solidaire de fortune, c’est-à-dire en investissement, sur le modèle de l’ISF-PME.

> Qui le soutient ?

Le Cerf se range derrière lui, ainsi que des patrons de TPE et de PME défendues par cette organisation.


(Fondapol - Flickr - CC)

Jean-Claude Volot

> Qui-est-ce ?

Médiateur interentreprises sous Nicolas Sarkozy, il a appris à faire communiquer et travailler en bonne intelligence les grosses entreprises avec leurs sous-traitants. En tant qu'administrateur du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, il dit avoir une bonne connaissance des défis économiques que la France doit relever.

> Quel est son programme ?

Il veut rendre les entreprises moins dépendantes du pouvoir. Et faire de l’équilibre de la balance commerciale française la priorité des politiques économiques. Ce qu'il voit comme un moyen de redorer l’image de l’Hexagone à l’étranger. Il compte travailler sur la responsabilisation des salariés et des dirigeants d’entreprises, dont le manque est justement, selon lui, l'un des freins à l’exportation.

> Qui le soutient ?

Il assure que son discours sur le "fossé entre sphère publique et entrepreneurs" avait suscité l’enthousiasme à l’université d’été du Medef.

Nina Godart