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Finances publiques

Prévisions économiques: Bruxelles maintient la pression sur Paris

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. - AFP - Patrick Hertzog

"La Commission européenne a publié des prévisions de printemps globalement en ligne avec ce qu’elle prévoyait cet hiver. Elle continue d’espérer la réalisation de nouvelles économies dans l’Hexagone."

L’Union européenne maintient ses prévisions macroéconomiques de croissance et de déficit public publiées en début d'année au sujet de la France. Comme le 4 février, la Commission table ce 3 mai sur un déficit public de 3,2% du PIB en 2017 - après 3,4% en 2016 -, dans l’attente de nouvelles mesures d’économies. Le gouvernement français certifie de son côté que l’objectif d’un déficit sous les 3% en 2017 sera respecté.

"Oui c'est tout à fait jouable" pour la France de passer sous les 3% de déficit en 2017, a déclaré mardi Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques. "Mais il faut pour ça maintenir un cap de dépenses publiques tout à fait sérieux et maîtrisé", a-t-il ajouté.

1,3% de croissance sur 2016

Bruxelles maintient également une prévision de croissance du PIB de 1,3% sur l’année 2016, puis 1,7% en 2017. L’institution européenne souligne que ses prévisions sont faites à "politiques inchangées". Faute de précisions disponibles à ce stade, celles publiées mardi pour 2017 ne prennent en compte que la moitié des 24,8 milliards d'euros d'économies promis par le gouvernement français pour l'an prochain, est-il expliqué.

Sans la prise en compte des futurs projets de lois budgétaires attendus à l'automne (dont celui sur le financement de la Sécurité sociale), ces prévisions de Bruxelles sont incomplètes, avait souligné le ministre français des Finances, Michel Sapin, devant des journalistes le 23 avril à Amsterdam (Pays-Bas), regrettant "une imperfection de méthode".

La publication de ces prévisions européennes est intervenue avant l’annonce par François Hollande de baisses d’impôts possibles en 2017, sous conditions. Le président de la République laisse la porte ouverte à un cadeau fiscal préélectoral en faveur des ménages.

Léger mieux sur le chômage...

Sur le plan de l’emploi, les prévisions bruxelloises de ce printemps sont légèrement plus optimistes que celles de l’hiver. Cette fois, la Commission européenne prévoit un taux de chômage de 10,2% cette année, puis 10,1% en 2017, tandis qu’il était fait état de 10,5% en 2016 puis 10,3% l’an prochain dans les prévisions publiées début février.

Si le chômage diminue ainsi cette année, c'est dû à l'effet bénéfique du "plan d'urgence pour l'emploi" annoncé en janvier par le gouvernement et qui "devrait déplacer temporairement une partie de la population active vers la formation", explique l'exécutif européen dans son rapport. La baisse se poursuivra en 2017 à la mesure de la faible progression de la croissance, estime la Commission.

... et la dette publique

Enfin, à propos de la dette publique, Bruxelles table désormais sur un creusement légèrement moins prononcé, à 96,4% du PIB en 2016 puis 97% l'an prochain, contre respectivement 96,8% et 97,1% attendus dans le pronostic d'hiver. La faible inflation (0,1% en 2016 puis 1% en 2017, des chiffres également révisés en baisse par la Commission) devrait avoir un impact négatif plus fort que prévu sur le déficit public, souligne aussi le rapport.

A.R. avec AFP