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Economie et Social

Les Prix Nobel français vont être de plus en plus rares !

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LA CHRONIQUE ECO - La France consacre 6% de sa production annuelle à l’enseignement, le coût par élève le plus important des pays développés. S’il est de bon ton de faire de l’éducation une priorité, certains commencent à douter.

L’éducation nationale française a longtemps été présentée comme la plus grande institution mondiale après l’Armée rouge. L’armée rouge a disparu mais l’éducation nationale a survécu. Elle représente aujourd’hui un peu plus de 800 000 enseignants, et un coût par élève de 8250 €. Ce coût, indépendamment de l’inflation, a été multiplié par 1,75 en 30 ans. Au total cela représente 120 milliards d’euros dont 85% sont payés par le contribuable.

N'est-ce pas normal de faire des efforts pour former notre jeunesse ?

C’est évidemment indispensable mais force est de constater que les résultats ne sont pas au rendez-vous. On peut considérer qu’un système éducatif a deux objectifs : développer le bagage culturel et le stock de connaissance de la population ; préparer la population à exercer un emploi. Et dans les deux domaines, l’échec est patent. Quand Jean-Pierre Chevènement parlait dans les années 80 de mener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat, il indiquait que c’était le plus sûr moyen de faire baisser le chômage qui touchait à l’époque 2 millions de personnes. Aujourd’hui, nous avons 80% d’une classe d’âge qui peut prétendre avoir le bac, mais nous avons aussi 3,2 millions de chômeurs. Quant au niveau culturel, tous les tests faits notamment par l’OCDE montrent que le niveau baisse. Jusqu’à une période récente, nous avions pu préserver un enseignement d’excellence dans quelques institutions sanctuarisées comme les Grandes écoles. Mais la politique menée depuis une quinzaine d’années tend à les détruire et même là, nos positions reculent. Le Français Prix Nobel va se faire de plus en plus rare.

La solution est-elle de recruter 60 000 enseignants comme l'avait promis F. Hollande ?

Clairement non et il en a conscience. Comme beaucoup. Trois éléments qui montrent que nous allons vers des réformes insistant de plus en plus sur la qualité et réhabilitant la sélection :
D’abord, dans le rapport Gallois remis l’année dernière sur l’amélioration de notre compétitivité, le rapporteur insistait sur la nécessité de revoir les priorités éducatives et de développer l’apprentissage, portant à 500 000 le nombre d’apprentis.
Ensuite, notre président de la République s’est ému récemment que des jeunes estiment compte tenu de leur diplôme ne pas avoir à accepter certains emplois en début de carrière et s’est demandé si on n’était pas allé trop loin dans l’accumulation des diplômes.
Enfin, rejoignant d’ailleurs Hollande, certains économistes parlent de « prolétariat cognitif ». A force de donner les diplômes sans véritable exigence, on suscite des illusions et donc des frustrations. Il faut donc se montrer plus exigeant et plus sélectif pour à la fois réduire les coûts et refaire de l’école un élément de l’ascenseur social.

Jean-Marc Daniel