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Querelle de chiffres entre l'équipe de Macron et le Coe-Rexecode

Jean Pisani -Ferry a fait part de son mécontentement

Jean Pisani -Ferry a fait part de son mécontentement - Bertrand Guay - AFP

Jean Pisani-Ferry, conteste vivement l'évaluation faite par l'institut économique proche du patronat chiffrant à 35,5 milliards d'euros les dépenses nouvelles du leader d'En Marche! Le président du Coe-Rexecode lui a répondu dans un courrier.

Quand les économistes se querellent, ils préfèrent souvent la plume. C'est donc par écrit que Jean Pisani-Ferry, l'économiste en charge du programme d'Emmanuel Macron, et Michel Didier, le président du Coe-Rexecode, polémique.

En cause: l'évaluation faite par l'institut économique, réputé proche du patronat, du programme du leader d'En Marche! la semaine dernière. Le Coe-Rexecode, qui a passé au peigne fin l'ensemble des programmes des candidats à l'Élysée, arrivait en effet à une conclusion quelque peu surprenante: dès 2018, le programme de l'ancien ministre de l'Économie ferait déraper le déficit à 5% du PIB. L'ensemble des dépenses nouvelles sur la totalité du quinquennat s'élèverait à 35 milliards d'euros et seulement la moitié des économies promises (36,7 milliards d'euros sur 60 milliards) seraient réalisées.

La tribune de Pisani-Ferry

Évidemment du côté du camp d'Emmanuel Macron, la pilule ne passe pas. À tel point que jeudi, au lendemain de la présentation du Coe-Rexecode, Jean Pisani-Ferry, l'économiste directeur du programme d'Emmanuel Macron, a pris la plume pour exprimer sa colère, dans une violence que l'on ne lui connaissait guère. Dans une tribune publiée sur le site d'En Marche! il interpellait "Michel et Denis" ( Michel Didier, le président de Coe-Rexecode et Denis Ferrand, le directeur général)" pour souligner "de nombreuses erreurs de quantification".

"Si (..) j’ai souvent pu avoir une position différente de la vôtre, j’ai généralement apprécié le sérieux du travail de Coe-Rexecode", écrivait-il, avant d'affirmer ne pas avoir retrouver "ce professionnalisme" dans le travail d'évaluation de l'institut dont il critique aussi "le manque de rigueur".

L'ancien président de France Stratégie reproche notamment au Coe-Rexecode de considérer que la hausse de la CSG n'équilibre pas les baisses de cotisations salariales promises par Emmanuel Macron. Il estime aussi que le coût de plusieurs mesures est surévalué. En creux, Jean Pisani-Ferry sous-entend aussi que le Coe-Rexecode favorise François Fillon.

La réponse de Michel Didier

Réponse du berger à la bergère, Michel Didier a envoyé ce lundi une missive à Jean Pisani-Ferry pour se défendre. Dans cette lettre, dont l'Opinion a eu copie, il assure que le Coe-Rexecode a une "position particulièrement équilibrée" et détaille,longs calculs à l'appui, le chiffrage de ces évaluations.

"Nous maintenons que le programme tel qu'il est laisserait s'accumuler des déficits de plus de 3% au long du quinquennat" poursuit Michel Didier qui assure que son équipe a procédé "de façon identique pour les cinq programmes". "Nous comprenons donc mal les interrogations, un peu en forme de mise en cause, concernant, 'l'objectivité' du travail effectué", conclut-il.

Cela dit, le Coe-Rexecode n'est pas le seul à avoir mis en cause le programme d'Emmanuel Macron. La Fondation Concorde, un think tank libéral, allait même plus loin dans une étude publiée la semaine dernière. Estimant qu'il n'y aurait que 10 milliards d'euros d'économies sur les 60 milliards annoncés, il considérait qu'il manquait 52,5 milliards d'euros pour financer son programme d'ici à 2022.

Julien Marion