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Réduction des dépenses : la grande absente du budget 2019

Bruno Le Maire présente le budget 2019

Bruno Le Maire présente le budget 2019 - ERIC PIERMONT / AFP

Le budget 2019 est présenté ce matin en Conseil des Ministres. Le gouvernement attend des entreprises qu'elles investissent, mais le patronat se crispe.

Pas d'objectifs chiffrés, mais des attentes fortes. Le gouvernement espère que la nouvelle fiscalité du budget 2019 incitera les entreprises à investir.

ll met d'abord en avant la baisse de l'Impôt sur les Sociétés, qui va passer de 33,3% à 31% en 2019, pour les entreprises dont le bénéfice est supérieur à 500 000 euros (sous 500 000 euros, l’IS est à 28%). Un impôt sur les sociétés qui va continuer à baisser progressivement pour s’établir à 25% en 2022.

Bercy compte aussi sur la bascule du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) l'an prochain en baisse de charges pérennes. De nouvelles baisses de charges qui interviennent en plus du crédit d'impôt dont les entreprises vont pouvoir bénéficier au titre de l'année 2018. Avec donc un effet positif sur la trésorerie. Enfin, il y a le nouveau dispositif de suramortissement pour inciter les PME à moderniser leurs équipements.

Mais du côté des entreprises, ce qu'on voit, c'est aussi l'alourdissement du 5ème accompte de l'IS, le report de la baisse de charges au niveau du Smic, ou le durcissement de la fiscalité des brevets. Le Medef est en train de finaliser une étude d'impact avec toutes ces données et l'organisation patronale nous dit anticiper un alourdissement de plusieurs milliards d'euros de la fiscalité des entreprises.

Les impôts de production au coeur des préoccupations

Autre préoccupation majeure des chefs d'entreprises : la baisse des impôts de production. Elle n'est pas au programme. Or, les industriels sont catégoriques : pour investir massivement, la clé c'est la baisse de ces taxes (la C3S, le versement transport, cotisations foncières, CVAE…) que les entreprises doivent payer avant même d'avoir gagner le moindre euro. Ces impôts de production pèsent plus de 70 milliards d'euros. Et les industriels sont unanimes : il s'agit là du principal frein à la compétitivité des entreprises françaises.

Le problème, et le Medef le sait, c’est que sans marges de manœuvres budgétaires, le gouvernement n'ouvrira jamais ce chantier. Or si Edouard Philippe veut desserrer cet étau fiscal - il a dit qu'il le ferait quand il en aurait les moyens - le préalable, c'est la baisse de la dépense publique, qui culminera en 2019 à 55.6% du PIB... 

Certes sur les 30 missions de l'Etat, 16 verront leurs crédits baisser. Une fois de plus, Logement, Travail et Emploi, seront largement mis à contribution en 2019. Mais « on ne perçoit aucun effort significatif », nous dit le numéro 2 du Medef. « Comment, par exemple, l'objectif de 50 000 postes de fonctionnaires d'Etat en moins sur l'ensemble du quinquennat peut-il être atteint avec seulement 4500 suppression en 2019 ? » s'interroge Patrick Martin, qui juge ce budget 2019 trop prudent.

Mathieu JOLIVET