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Finances publiques

Réformes: ce que Bruxelles devrait réclamer à la France

La Commission européenne devrait demander à la France d'ouvrir davantage certains marchés.

La Commission européenne devrait demander à la France d'ouvrir davantage certains marchés. - -

La Commission européenne va, ce mercredi 29 mai, livrer ses recommandations économiques et budgétaires aux États de l'Union européenne. Pour la France, Bruxelles devrait mettre l'accent sur la compétitivité et la réforme des retraites.

Après avoir établi le diagnostic, le 3 mai dernier lors de ses prévisions économiques de printemps, Bruxelles va passer au remède. La Commission européenne livre, ce jeudi 29 mai, ses recommandations économiques et budgétaires à l'égard des Etats-membres de l'Union.

Elle confirmera officiellement le délai de deux ans accordé à la France pour ramener son déficit à 3% du PIB d'ici à 2015 et non 2013, comme le gouvernement Ayrault l'envisageait un temps, avant de renoncer à cet objectif en février dernier.

Seulement, ce geste de Bruxelles ne se fera pas sans contrepartie. Lorsqu'il a reçu François Hollande à Bruxelles, le 15 mai dernier, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso avait ainsi souligné la nécessité, pour l'Hexagone de mener à bien des réformes structurelles."Le problème-clé, c'est celui de la compétitivité", avait-il affirmé lors de sa conférence commune avec le président français.

François Hollande était sur le même longueur d'onde: le délai que Bruxelles accordera à la France doit "être mis au service de réforme de compétitivité et donc de croissance", avait-il expliqué, pendant cette même conférence.

Les retraites en ligne de mire

Sauf énorme surprise, Bruxelles devrait donc préconiser une véritable batterie de réformes structurelles à mettre en œuvre par la France. Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques, en avait déjà donné un aperçu lorsqu'il avait présenté les prévisions économiques de Bruxelles, début mai.

"Ce qui est encore plus important pour la France [que la consolidation budgétaire, NDLR], c'est de mettre de nouveau et plus fortement l'accent sur le marché du travail, le système de retraites, l'ouverture des professions protégées et du marché des services", déclarait-il alors.

Dans les faits, le diagnostic de Bruxelles risque bien de rejoindre celui rendu en mars dernier par l'OCDE. Dans son rapport annuel consacré à la France, l'organisation avait déjà le système de retraites actuel en ligne de mire. Elle conseillait ainsi d'abandonner les régimes spéciaux, et de passer à un régime universel, par points.

François Hollande retiendra-t-il cette proposition lors de la prochaine conférence sociale de juillet prochain, avec les syndicats? Le président s'est déjà dit favorable à un allongement de la durée de travail.

Quant au marché du travail, Bruxelles, lors de la publication ses prévisions de printemps, s'était inquiété de l'évolution du chômage français en soulignant la rigidité des salaires français. La Commission devrait donc appeler à poursuivre les avancées permises par l'accord signé entre les partenaires sociaux, le 11 janvier dernier.

Bruxelles devrait aussi appeler à davantage d'ouverture sur les marchés publics, comme le ferroviaire et l'énergie. De facto, cela reviendrait à pointer du doigt la SNCF et EDF.

Concernant la libéralisation du marché du travail, les professions réglementées que Bruxelles pourrait désigner ne manque pas: pharmaciens, kinésithérapeutes, vétérinaires, coiffeurs ou encore les taxis.

Pas de reproche sur les déficits

En dehors de ces réformes plus ou moins imposées, il est peu probable que Bruxelles épingle la France sur les déficits. Au contraire, la Commission européenne a plusieurs fois salué les efforts accomplis par l'exécutif pour réduire son déficit structurel (déficit corrigé des aléas liés à la conjoncture économique). C'est d'ailleurs ces efforts qui ont convaincu la Commission du sérieux budgétaire de la France.

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Julien Marion