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Réforme des retraites: ce que se prépare à présenter Édouard Philippe

Devant les députés LaREM, le Premier ministre a indiqué hier mardi qu'il ne ferait pas "d'annonces magiques". Mais, des concessions par rapport au projet initial de réforme des retraites sont attendues: décalage de la première génération concernée, transition longue pour les régimes spéciaux et retraite minimale à 1000 euros (pour une carrière complète) dès 2021...

Après six jours de grève et de manifestations depuis le 5 décembre, le Premier ministre dévoilera ce mercredi sa réforme des retraites et les compromis que l'exécutif est prêt à concéder pour apaiser la tension sociale.

Édouard Philippe s'exprimera à 12H00 devant le Conseil économique, social et environnemental et a promis d'y présenter en détail la réforme visant à fondre les 42 régimes de retraite actuels (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) en un seul système universel de retraite par répartition et par points.

Devant les députés de la majorité, Édouard Philippe a indiqué hier mardi 10 décembre, qu'il ne ferait "pas d’annonces magiques". Des concessions importantes sont toutefois attendues :

> Décalage de la première génération concernée par la réforme.

Selon des informations de BFMBusiness, confirmées par BFMTV, trois cas de figure sont à distinguer.

  • les générations nées avant 1975 ne seront pas concernées par la réforme. Leur future retraite (jusqu'à ceux atteignant 62 ans en 2036) sera calculée entièrement selon l'actuel système de calcul par annuités.
  • Les générations nées à partir de 1975 verront leur retraite calculée jusqu'en 2037 selon l'actuel système d'annuités et à partir de 2037 selon le système à points.
  • Les jeunes qui débuteront sur le marché du travail en 2022, seront concernés dès leur entrée dans la vie active par le nouveau système à points.
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> Période de transition plus longue pour les régimes spéciaux.

Les salariés des régimes spéciaux (RATP et SNCF) pourraient n'être concernés par la réforme qu'à partir de la génération née en 1985, soit dix ans plus tard que les autres salariés. Ce décalage impliquerait par exemple que seulement 30.000 salariés à la SNCF sous statut de cheminot seraient directement et en partie seulement impactés par le système à points. "Selon toute vraisemblance la dernière phase de négociation jusqu'à début 2020 annoncée par Jean-Paul Delevoye lundi soir va permettre de faire négocier métier par métier, statut par statut. On va des clauses du grand-père qui ne portent pas ce nom, on va accordes points de bonification à ceux qui en ont besoin " explique Nicolas Doze, éditorialiste économique sur BFMTV.

> Pas de mesures d'économie dans l'immédiat.

Les mesures paramétriques destinées à résorber dès l'an prochain le déficit du système de retraite devraient être repoussées à une date ultérieure, sans doute après l'élection présidentielle de 2022. Ces mesures éventuelles étaient contestées par la CFDT qui en faisait un casus belli.

L'installation d'un âge pivot avec bonus-malus doit faire son retour, selon BFMTV. "La date d'application reste à confirmer, mais cela très certainement avant 2030, gardant l'âge légal d'ouverture des droits à 62 ans. Pendant ce temps là, la loi Touraine entrée en vigueur en 2014 tourne toujours et amène à 43 ans de cotisations en 2035" explique Nicolas Doze.

> La valeur du point et le montant minimal des pensions.

"La nouveauté sera que la pension minimum à 1000 euros pour une carrière complète pourrait entrer en vigueur dès 2021. Ce serait la mesure le plus douce qui entrerait en vigueur le plus tot" souligne l'éditorialiste économique de BFMTV.

"Quant à la valeur du point on est toujours sur l'idée qu'elle est décidée par les partenaires sociaux, inscrite dans la loi avec une règle d'or qui veut que jamais la valeur du point ne pourra baisser" ajoute Nicolas Doze.

Frédéric Bergé