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Retraites: "Le gouvernement doit choisir et il a du mal à le faire", tacle Frédéric Sève (CFDT)

Invité sur BFM Business, le secrétaire national de la centrale syndicale demande de la clarté au gouvernement, à l'heure où le contenu de la réforme des retraites apparaît de plus en plus confus.

Alors qu'une énième réunion entre le gouvernement et les syndicats est prévue pour dimanche, quelques jours avant la grande grève du 5 décembre, la CFDT, qui soutient la réforme des retraites voulue par le gouvernement, alerte sur la confusion de plus en plus grande au sein de l'exécutif avec la multiplication de propos contradictoires.

Invité ce mardi sur le plateau de Good Morning Business sur BFM Business, Frédéric Sève, le secrétaire national de la CFDT, s'interroge: "C'est du côté du gouvernement qu'il y a un besoin de clarification. Le gouvernement doit dire ce qu'il veut faire. (...) Est-ce qu'ils veulent faire une réforme paramétrique où on bouge des paramètres du système? Ou est-ce que c'est une réforme dite systémique, de fonctionnement, de justice sociale? C'est à dire qu'on repense le système pour essayer de reclarifier ses objectifs, ses modes de fonctionnement et encore une fois donner un peu plus de justice, en tout cas c'est notre point de vue à la CFDT. Entre ces deux scénarios, le gouvernement doit choisir et il a du mal à le faire".

Le syndicat rappelle par ailleurs qu'il est "partant pour construire une système universel parce que c'est en soi une garantie d'un système plus juste, d'un système plus facile à piloter aussi, on oublie de le dire. Mais on voudrait que cette refondation du système de retraite s'accompagne de progrès social. Il y a des choses qu'on peut faire pour rendre le système plus juste: il y a la pénibilité du travail. (...) Or on est pas égaux devant le travail, il faut le prendre en compte, c'est la dernière étape pour faire un système vraiment juste ", explique-t-il. 

"On a la richesse pour financer nos retraites"

Mais la CFDT reste encore opposée aux mesures d'âge qui doivent permettre d'éviter un risque de dérapage du déficit des retraites, qui pourrait osciller entre 7,9 et 17 milliards d'euros en 2025, selon les dernières projections du Conseil d'orientation des retraites (COR). "La chose qu'on peut le mieux programmer, c'est l'évolution des dépenses. Or, ce que dit le COR, c'est que les dépenses augmentent au même rythme que le PIB en France. Il faut se le redire car c'est un sacré changement quand vous regardez les dernières années où les dépenses augmentaient plus vite que le PIB. Là on a la richesse qu'il faut pour financer nos retraites. (...) Qu'on ne dise pas aux salariés, votre système de retraite est structurellement déficitaire. Donc les mesures d'âge ne nous semblent pas adaptées aujourd'hui", souligne le secrétaire national de la CFDT. 

En tout cas, il faudra attendre janvier pour connaître les intentions concrètes du gouvernement. Un décalage face au mouvement du 5 décembre qui peut apparaître risqué. Mais pour le secrétaire général, le gouvernement a encore les cartes en main. "Il n'y a pas forcément besoin d'attendre l'annonce de l'architecture du projet de loi pour donner le sens qu'on veut donner à cette réforme. Et ça le gouvernement pourrait le dire plus tôt", conclut Frédéric Sève.

Vers l'annonce d'un calendrier plus précis

La centrale semble avoir été entendue puisque dans le même temps, Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, indique ce mardi que le Premier ministre Edouard Philippe et le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye feront des "annonces" sur la réforme des retraites avant la fin de l'année.

Ces annonces, "qui vont avoir lieu d'ici une quinzaine ou une vingtaine de jours", "permettront de clarifier les choses", a-t-il estimé sur Public Sénat, en confirmant qu'il devrait y avoir à l'issue du séminaire gouvernemental prévu dimanche "peut-être au moins l'annonce d'un calendrier et de grands principes".

Olivier Chicheportiche