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Réforme des retraites : les réactions des partenaires sociaux

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef - LUDOVIC MARIN / AFP

Jean-Paul Delevoye a transmis ses recommandations. Les partenaires sociaux ont fait part de leurs premières réactions.

Geoffroy Roux de Bézieux : « le Medef soutiendra les grands principes de cette réforme »

« Cela met en place un système de pilotage qui prendra en compte l’équilibre du régime et l’espérance de vie. C’est, je l’espère, la dernière réforme pour les 10 ou 15 prochaines années » a commenté le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. « Il y a une volonté d’avoir une règle d’or d’équilibre. Donc il n’y pas de fuites en avant.

« Mais il y a encore beaucoup d’interrogations sur la gouvernance, la place des partenaires sociaux, mais aussi sur le fond de réserve universel. Il en faudrait pas que les régimes qui ont été précautionneux soient ponctionnés pour ceux qui l’ont été moins » a-ti-il insisté.

« Il y a des interrogations sur le effets redistributifs entre les générations et les salariés mais clairement, c’est une réforme qui va compenser en partie, notamment pour les femmes et les salariés les plus précaires, les carrières les plus hachées. Globalement, le Medef soutiendra les grands principes de cette réforme mais sera vigilant et attentif dans les concertations qui vont s’engager dans les jours qui viennent. »

« Il faut dire la vérité aux Français : oui, il y a un âge plancher qui reste à 62 ans mais l’intérêt du système est de travailler plus longtemps » a-t-il insisté. « C’est une récompense du travail qui est faite. »

Yves Veyrier : « Force Ouvrière est en total désaccord »

Le secrétaire général de FO dénonce d'abord une réforme d'un système qui « assure pourtant un bon niveau de retraite. 

« Nous sommes en total désaccord avec l'âge d'équilibre qui d'ailleurs est passé en quelques mois de 63 à 64 ans et le système de décote/surcote. Nous l'avions déjà dénoncé lorsqu'il avait été appliqué aux retraites complémentaires. On voit bien que les 62 ans ne sont plus l'âge de la retraite comme on le croyait, ça deviendra l'âge minimum d'ouverture de droits mais des droits qui ne suffiront pas à assurer une pension décente ».

Et d'appeler à une mobilisation des salariés le 21 septembre prochain lors d'un grand rassemblement.

François Hommeril : « il y aura des gagnants et des perdants »

« Nous sommes relativement inquiets de deux choses qui sont très peu précisées » souligne François Hommeril, président de la CFE-CGC. « Inévitablement, dans ce nouveau système, il y aura des gagnants et des perdants. La question se posera des grands équilibres. »

« Le point qui n’est pas abordé, c’est toutes les difficultés techniques qu’il y aura à la fusion des différents régimes. Chacun emporte avec lui une histoire, une fonctionnalité » poursuit-il.

Il souligne un point positif : l’abandon de la période de référence des 43 années de cotisation qui commence à poser problème. « Il fallait trouver une solution, peut-être que ce nouveau dispositif peut résoudre ce hiatus. »

Reste un point préoccupant, « celui de la perte de contrôle de la gouvernance (…) les partenaires sociaux ont fait la preuve de leur responsabilité (..) on voit un risque fort de la perte de contrôle sur les paramètres systémiques qui vont régler le nouveau régime de retraites. »

Il a terminé en attaque le gouvernement, craignant que l’exécutif ne respecte pas ses engagements sur cette réforme.

François Asselin : « important d’avoir une retraite décente »

« Nous sommes tout à fait d’accord pour que notre système de retraite soit réformé de façon systémique » explique François Asselin, président de la CPME. « Ce régime est plutôt basé sur le fait qu’il est plus important pour le gouvernement de promettre une retraite plutôt décente, quitte à bouger l’âge réel de départ à la retraite, plutôt que l’inverse. 

« Ce régime est plutôt basé sur le fait qu’il est plus important pour le gouvernement de promettre une retraite plutôt décente, quitte à bouger l’âge réel de départ à la retraite, plutôt que l’inverse. »

Philippe Martinez, CGT : « beaucoup d'enfumage »

Sans surprise, la centrale se dit « absolument opposé » à la réforme présentée, "qui ne règle en rien les problèmes ». «C'est le contraire du système actuel solidaire, remplacé par un système individuel ».

Le secrétaire général du syndicat s'interroge également sur la fixation de la valeur du point. « Qui va la définir ? On nous assure qu'il ne baissera pas. Mais on peut tout à fait imaginer qu'il sera fixé par Bercy et quand Bruxelles nous tirera les oreilles pour les déficits, c'est vers ce genre de choses qu'on fera des économies ».

Laurent Berger : « nous ne voulons pas de cet âge d’équilibre »

 Le Secrétaire général de la CFDT était plutôt satisfait de ce projet, soulignant « un certain nombre d’avancées » mais « c’est une première étape » a-t-il précisé. « Maintenant, nous allons entrer dans une phase de concertation qui va s’ouvrir sur une dizaine de thèmes. Nous verrons l’issue de ce projet de loi. »

« La question de la retraite suscite beaucoup d’inquiétudes. Il va falloir objectiver tout ça pour dire qu’il est possible d’avoir un système de retraite plus juste » -a-t-il indiqué.

« Nous avons dit que nous ne voulions pas de cet âge d’équilibre » a-t-il ensuite tranché, évoquant l’âge d’équilibre à 64 ans. « Il faut le laisser à la libre situation de chacun » puisqu’il n’est « pas fixé de la même façon pour tout le monde aujourd’hui. C’est la même chose qui doit s’appliquer dans le futur. »