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Régionales: "Les candidats ne peuvent financer leurs promesses"

Le directeur de l'Institut Montaigne Laurent Bigorgne était l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC ce matin.

Le directeur de l'Institut Montaigne Laurent Bigorgne était l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC ce matin. - Jack Guez - AFP

L'institut Montaigne, qui scrute l'action publique et son impact sur les finances de l'État, a examiné point par point les programmes des candidats aux régionales. Son directeur, Laurent Bigorgne, était l'invité de RMC ce mardi.

Faire des promesses c'est bien. Calculer leur faisabilité économique, c'est mieux. L'institut Montaigne a regardé les engagements des candidats aux régionales, sur les transports, l'éducation, les entreprises, le logement et la sécurité. Le think tank a calculé le coût de 78 propositions. Laurent Bigorgne, son directeur a détaillé ce travail ce mardi matin sur RMC.

C'est dans le secteur des Transports que les promesses sont les plus onéreuses. "Il y a les propositions d'investissements, dont il faut à la fois observer le coût mais aussi le rendement, l'utilité du projet", souligne Laurent Bigorgne.

La proposition normande à 1,7 milliard

Par exemple, relier Rouen à Caen en une heure, comme le promet le candidat PS de Normandie Nicolas Mayer coûterait 1,7 milliard d'euros selon l'institut Montaigne. "C'est très cher, donc les candidats qui font ce genre de propositions doivent dire ce qu'ils en attendent en termes de retombées financières".

De son côté, Claude Bartolone, candidat socialiste de la région Île-de-France, propose de rendre les transports publics accessibles progressivement 24 heures sur 24 en Ile-de-France. Selon l'institut Montaigne, il faudrait une enveloppe de 427 millions d'euros pour y parvenir. "C'est très onéreux, et on peut se demander si, au moment où se développent les services de voitures de tourisme avec chauffeur, c'est vraiment nécessaire et prioritaire".

La gratuité des transport qui tue l'investissement

Dans ce secteur, "il y a d'autres propositions, bien plus problématiques, qui consistent à étendre la gratuité dans les transports", pointe le directeur de l'institut. "En enlevant la capacité à payer les transports à énormément de catégories de personnes, on tue l'investissement". Plusieurs candidats socialistes, notamment Jean-Jack Queyranne, se sont ainsi engagés à rendre les transports scolaires gratuits à partir de 2017. En région Rhône-Alpes-Auvergne, une telle mesure atteindrait entre 13 et 20 millions d'euros par an. Pourquoi pas, estime Laurent Bigorgne, mais à condition de "cibler les familles qui en ont besoin".

En matière d'éducation, Christian Estrosi promet en Provence-Alpes-Côte d'Azur d’équiper 100% des lycées d’infrastructures sportives. Sauf que, comme le montre l'étude de l’institut Montaigne, sur les 181 établissements de la région, environ 7 sur 10 sont d’ores et déjà équipés à ce titre. Et l'installation d’un gymnase par exemple coûte 1 à 2 millions d'euros. On atteindrait ainsi un total de 9 à 18 millions d'euros par an, dans une région qui trône déjà sur la deuxième marche du podium en ce qui concerne la dépense publique pour ses lycées.

La dette des régions en hausse de 29%

"Entre 2009 et 2013, la dette des régions a augmenté de 29%. Elles ne sont pas encore en déficit, mais la hausse est très importante. Il faut que les candidats assument qu'ils ne pourront pas tout financer. D'autant que l'État a procédé à une réforme très incomplète: il a voulu garder toutes ses compétences, tout en ne simplifiant pas la répartition des rôles entre départements, intercommunalités et villes. Du coup, certaines régions sont devenues très grosses, mais ont de petits budgets de fonctionnement car leurs compétences sont très réduites. Du coup pour aller chercher des électeurs, les candidats font des promesses qui ne sont pas pertinentes", s'agace Laurent Bigorgne.

"Certains candidats ont fait l'effort de chiffrer leurs propositions, reconnaît-il, mais la plupart sans distance. Plus grave, aucun ne dit comment il compte financer son programme à un moment où l'État dit aux collectivités qu'il va leur transférer moins d'argent".

N.G.