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Rejet d'une procédure contre un livre sur l'attentat de Karachi

Sur les lieux de l'attaque qui avait fait fait 14 morts, dont 11 Français, en mai 2002 à Karachi. Le tribunal de Paris a rejeté mardi une demande de report de la publication d'un livre d'enquête journalistique, qui examine la thèse d'un lien entre cet att

Sur les lieux de l'attaque qui avait fait fait 14 morts, dont 11 Français, en mai 2002 à Karachi. Le tribunal de Paris a rejeté mardi une demande de report de la publication d'un livre d'enquête journalistique, qui examine la thèse d'un lien entre cet att - -

PARIS - Le tribunal de Paris a rejeté mardi une demande de report de la publication d'un livre d'enquête journalistique sur l'attentat de Karachi,...

PARIS (Reuters) - Le tribunal de Paris a rejeté une demande de report de la publication d'un livre d'enquête journalistique sur l'attentat de Karachi, qui a fait 14 morts, dont 11 Français, en 2002 au Pakistan.

Ce livre, "Le contrat", des reporters Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, examine la thèse d'un lien entre cet attentat et d'éventuelles opérations de corruption en marge d'un contrat de vente de sous-marins français au Pakistan signé en 1994.

Le tribunal de Paris a rejeté la demande de report de trois mois de la publication du livre présentée par un milliardaire libanais, Ziad Takieddine, 58 ans.

Le livre affirme que cet homme a sollicité à l'été 1994 le paiement de commissions supplémentaires d'environ 33 millions d'euros sur la vente des sous-marins, ce qui portait le total de ces commissions à près de 84 millions d'euros.

Ziad Takieddine nie ces faits mais une mission d'enquête parlementaire française les a intégralement confirmés dans un rapport publié la semaine dernière, sur le fondement des déclarations de la Direction des constructions navales, société publique ayant vendu les sous-marins.

Le tribunal de Paris a constaté que sa demande contre le livre, alléguant une supposée diffamation, ne mentionnait aucun passage précis, et ne visait pas les bons articles de loi. Ziad Takieddine est condamné à verser 3.000 de frais de procédure.

LA PISTE MILITAIRE

L'homme d'affaires ne fera pas appel de cette décision, a-t-on appris auprès de ses avocats.

Mais si "les termes gravement diffamatoires et mensongers contenus dans cet ouvrage étaient maintenus" au moment de sa parution, Ziad Takieddine engagerait une action en diffamation, ont-ils précisé.

"Ziad Takieddine n'a en effet joué aucun rôle dans le dossier 'Agosta' relatif à la vente de sous-marins au Pakistan", soulignent les avocats dans un communiqué.

Le livre "Le contrat" présente de nombreux éléments laissant selon les auteurs soupçonner que Ziad Takieddine a servi à collecter de l'argent pour le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. La mission parlementaire a conclu que cette intervention avait été imposée par le ministre de la Défense de l'époque, François Léotard.

Les sommes payées par la DCN à Mercor finances, la société de Ziad Takieddine, ont transité par une société basée au Luxembourg, Heine, créée avec l'aval du directeur de cabinet d'Edouard Balladur et celui du ministre du Budget de l'époque, Nicolas Sarkozy, selon des éléments figurant au dossier judiciaire de l'affaire Karachi.

Dans leur livre "Le contrat", les journalistes Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme disent que Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy et actuel ministre de l'Intérieur, reconnaît qu'il a été invité dans la villa du Cap d'Antibes de Ziad Takieddine en août 2005. Brice Hortefeux s'explique dans le livre en parlant de "simples rapports de courtoisie".

Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, déclare aussi dans le livre que Ziad Takieddine a joué un rôle en 2007 dans la libération d'infirmières bulgares détenues en Libye.

La piste islamiste, initialement privilégiée dans l'affaire Karachi, a fait place à celle d'une action commanditée par des militaires pakistanais qui auraient été mécontents de l'arrêt du paiement des commissions du marché des sous-marins, ordonné par Jacques Chirac après son élection en 1995.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse