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Economie et Social

Retraites, assurance chômage : les réformes en suspens

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- - Joël Saget - AFP

Deux réformes ont d'ores et déjà été décalées. Sur l'assurance chômage, les partenaires sociaux ont décidé d'annuler la prochaine réunion de négociation prévue ce mardi et demandent plus de temps à Matignon pour conclure sur cette réforme. Ils ne visent plus fin janvier mais février. L’exécutif n’a pas encore arbitré. Même chose pour la réforme des retraites. Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire à cette réforme, a décidé d'annuler toutes les réunions bilatérales prévues la semaine du 17 décembre pour les reporter à celle du 7 janvier.

« Tout est en stand-by », résume un haut responsable syndical. Deux raisons sont invoquées : d'abord, les responsables syndicaux ne peuvent pas être sur tous les fronts, nous dit-on au Haut-Commissariat. Ils doivent déjà participer aux concertations territoriales censées apporter des réponses au problème du pouvoir d'achat, ils ne peuvent pas en même temps se mobiliser sur la réforme des retraites.

Ensuite, le contexte est trop tendu. « Nous devons avoir plus de temps pour débattre sereinement », explique un haut responsable du Medef. Tous les sujets sont en effet sensibles : sur la réforme de l'Unedic, le patronat plaide notamment pour une baisse des droits des chômeurs. « Mesure pour le moins malvenue dans le contexte », explique les syndicats de salariés. Quant à la réforme des retraites, compliqué là aussi d'entrer dans le vif des discussions sur les pensions de réversions, les minima de pension ou le taux de remplacement dans un contexte déjà explosif.

« Pour l'exécutif, il s'agit aussi de ne pas tout mélanger et d'éviter que la réforme des retraites se retrouve au cœur du débat post gilets jaunes », explique un haut-responsable syndical.

Pas de changement de cap

Pour autant, Jean-Paul Delevoye est très clair : 'il ne s'agit en aucun cas d'un changement de cap. « Cela va juste décaler le calendrier d'une quinzaine de jours mais la réforme est toujours prévue en 2019, conformément à la promesse présidentielle » nous explique son entourage. Le Haut-Commissaire insiste d’ailleurs sur le fait que ce projet « peut répondre à un certain nombre d’angoisses (…) nous n’avons de cesse d’écouter et de dialoguer pour construire un système plus juste et équitable », dit-il.

Côté assurance chômage, même chose, les partenaires sociaux réclament seulement plus de temps à l'exécutif mais aucun, mis à part la CGT, ne réclame un abandon pur et simple de cette réforme.

L'heure n'est plus au big bang

« J'imagine mal en effet le gouvernement faire marche arrière sur tous ces sujets », explique un haut responsable syndical.
La question n'est donc pas tant de savoir si ces réformes auront bien lieu mais ce qui en découlera.

Certains syndicats, déjà opposés à ces réformes, vont en tous cas pousser le gouvernement à lever le pied. Sur la réforme des retraites par exemple : « On peut commencer par harmoniser sans tout remettre en cause, ce qui évitera de faire trop de perdants », explique un responsable syndical.

Un autre souligne : « Il faut être prudent, on n’est pas obligé de tout casser car sur des sujets aussi sensibles que les retraites, ce ne sont pas 100 000 mais 3 millions de personnes qui pourraient se retrouver dans la rue ».