Retraites complémentaires: les futurs retraités et le patronat mis à contribution
Laurent Berger n'y va pas par quatre chemins. Le secrétaire général de la CFDT propose de mettre à contribution les futurs retraités, ainsi que le patronat, pour sauvegarder l'avenir des retraites complémentaires, dans une interview aux Echos publiée mardi. A moins d'un mois de la reprise des négociations sur l'avenir des régimes Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés), Laurent Berger suggère la mise en place "d'une contribution de solidarité intergénérationnelle assumée", pendant deux ans, par les salariés partant à la retraite, de 4%.
Cette contribution, "limitée en montant", serait demandée "quel que soit l'âge du départ", ajoute le représentant syndical dans l'entretien publié sur le site du quotidien économique. "Les salariés partant de manière anticipée parce qu'ils ont eu une carrière longue ne seraient pas concernés, puisqu'ils ont déjà trop cotisé", précise-t-il.
Hausse des cotisations patronales
En contrepartie, le numéro un de CFDT demande une hausse des cotisations patronales de 0,1% par an de 2019 à 2021, ainsi que le versement d'une "contribution patronale" en cas de séparation d'un salarié au-delà de 50 ans. A court terme, avant 2019, le leader de la CFDT se dit également prêt à "décaler la revalorisation des pensions complémentaires d'avril à octobre". Il se dit en outre enclin à "discuter de la poursuite, pendant trois ans, de la sous-indexation des pensions, en la revalorisant de 1 point de moins que l'inflation et non pas de 1,5 point comme le réclame le patronat".
Le plan de la CFDT prévoit de "mutualiser les réserves de l'Argic et de l'Arrco dès 2017" avant une fusion des deux régimes. Il permettrait, selon Laurent Berger, de réaliser 2,4 milliards d'économies en 2018, puis 3,3 milliards en 2020 et 7,3 milliards en 2030. Les négociations entre les partenaires sociaux doivent reprendre le 16 octobre.
Le Medef qui refuse une augmentation des cotisations patronales, propose une décote dégressive allant de 30% à 10% pour les départs en retraite avant 65 ans, afin d'"inciter" les salariés à travailler un an ou deux de plus et d'économiser 1,8 milliard d'euros d'ici à 2020. Avec la crise économique, l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits respectifs se creuser à 1,985 milliard et 1,153 milliard en 2014. Si rien n'est fait, leurs réserves seront épuisées d'ici à 2018 pour l'Agirc, à 2027 pour l'Arrco.