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Retraites: Eric Woerth évoque un âge légal entre 61 et 63 ans

Au lendemain d'une mobilisation contre la réforme des retraites jugée faible par le gouvernement, le ministre du Travail, Eric Woerth, a confirmé son souhait de relever l'âge légal de 60 à 61, 62 ou 63 ans. /Photo prise le 26 mai 2010/REUTERS/Philippe Woj

Au lendemain d'une mobilisation contre la réforme des retraites jugée faible par le gouvernement, le ministre du Travail, Eric Woerth, a confirmé son souhait de relever l'âge légal de 60 à 61, 62 ou 63 ans. /Photo prise le 26 mai 2010/REUTERS/Philippe Woj - -

PARIS - Au lendemain d'une mobilisation contre la réforme des retraites jugée faible par le gouvernement, le ministre du Travail, Eric Woerth, a...

PARIS (Reuters) - Au lendemain d'une mobilisation contre la réforme des retraites jugée faible par le gouvernement, le ministre du Travail a confirmé son souhait de relever l'âge légal contre l'avis des syndicats et de la gauche, et évoqué 61, 62 ou 63 ans contre 60 actuellement.

Sur RTL, Eric Woerth a ajouté que l'âge auquel il est actuellement possible de bénéficier automatiquement d'une pension à taux plein (65 ans) serait lui aussi relevé.

Le ministre du Travail compte dévoiler son projet de loi à la mi-juin et le présenter en juillet au conseil des ministres afin qu'il soit examiné en septembre au Parlement.

Les plus grands syndicats, opposés au relèvement de l'âge légal qui avait été abaissé de 65 à 60 ans par le président socialiste François Mitterrand en 1983, ont fait part de leur satisfaction après la journée d'action de jeudi à laquelle ont participé un million de personnes, selon eux, et jugé qu'elle constituait une bonne base pour poursuivre le mouvement.

La nouvelle réforme des retraites vise à juguler les déficits croissants de régimes de retraite, qui atteindront 40 milliards d'euros par an en 2015 si rien n'est fait, contre 10,9 en 2008, selon le Conseil d'orientation des retraites.

En plus de relever l'âge légal, le gouvernement pourrait augmenter le nombre d'années de cotisation nécessaire pour toucher une pension à taux plein (41 ans en 2012) mais le ministre du Travail, qui poursuit la concertation avec les partenaires sociaux et les partis politiques, précise que rien n'est encore tranché.

Ces mesures démographiques devraient, selon le gouvernement, s'accompagner d'une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital qui ne sera pas prise en compte dans le "bouclier fiscal".

Cet instrument plafonne le montant total des impôts directs que doit payer un contribuable à 50% de ses revenus.

"UNE BASE DE DÉPART"

Prié de dire à combien serait porté l'âge légal de la retraite, Eric Woerth a répété vendredi sur RTL que la décision n'était pas encore prise.

"62, 63, 61, nous verrons tout cela", a-t-il ajouté.

A la question de savoir si la barre des 65 ans permettant de bénéficier automatiquement d'une pension à taux plein serait elle aussi relevée, il a répondu : "Il y a des fourchettes, ces fourchettes bougeront (...). Les deux."

Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a estimé jeudi que la mobilisation avait été "faible", ce qui confortait l'exécutif dans sa détermination à mener cette réforme à bien.

"C'est une forme de mépris", a répondu le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, vendredi sur France Info.

"L'intersyndicale a à la fois les bases et un mandat pour poursuivre la mobilisation", a-t-il ajouté.

Les membres de l'intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, Unsa et FSU doivent décider la semaine prochaine des suites du mouvement.

Jugeant "très moyenne" la mobilisation de jeudi, le porte-parole de l'UMP Dominique Paillé a estimé que "les Français, progressivement, parce qu'on leur explique régulièrement, comprennent que si on veut sauver le régime par répartition, il faut une réforme en profondeur".

"Comme on est face à un problème démographique, il faut apporter une solution démographique qui passe par la durée de cotisation et l'âge légal", a-t-il ajouté sur Canal+.

L'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a mis en garde l'exécutif contre la tentation de crier victoire.

"Le gouvernement aurait tort de pavoiser parce que je considère que ce qui s'est passé hier, c'est une base de départ et pas du tout un point d'arrivée", a-t-il dit vendredi sur France 2.

Loin du million annoncé par les syndicats, le ministère de l'Intérieur a fait état de 395.000 manifestants pour toute la France jeudi, soit à peine plus que le 23 mars (380.000).

Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse