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Retraites : Jean-Paul Delevoye tente de déminer le terrain

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites - AFP

Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, assure que l'âge légal de départ à la retraite, restera fixé à 62 ans, en tout cas dans le cadre de sa réforme qui consiste à créer un système de retraites universel. Il n’a pas exclu en revanche que le sujet revienne dans le cadre de la réforme de la dépendance.

Le débat ne fait que commencer. Jean-Paul Delevoye a tenté de calmer le jeu face à des syndicats exaspérés par les déclarations de l'exécutif ces derniers jours sur l'allongement de la durée de travail. « L'âge légal de départ à la retraite restera fixé à 62 ans, cela m'a été confirmé par le Premier ministre », a-t-il dit. Selon lui, « le contrat signé avec les partenaires sociaux n'a donc pas bougé d'un iota ». Sauf que cet engagement, ajoute-t-il, ne vaut que dans le cadre de sa réforme. Concrètement donc, l'âge de départ n'évoluera pas dans le cadre de la création du système de retraite universel. Une telle mesure, paramétrique, pourrait en revanche être prise en marge de la réforme systémique menée par Jean-Paul Delevoye, dans le cadre de la réforme sur la dépendance. Le gouvernement a en effet promis une réforme ambitieuse, qui selon les chiffres qui circulent pourraient nécessiter 10 milliards d'euros. Or, 10 milliards, c'est précisément ce que rapporterait un report d'un an de l'âge légal. « Tout est sur la table, rien n'est arbitré », explique-t-on dans l'entourage du Premier ministre.

Le big-bang fragilisé

Reste que pour les syndicats, la pilule ne passe pas. Pour Laurent Berger, le leader de la CFDT, « cette mesure est la plus injuste en la matière et l'équilibre du système ne nous y oblige pas ». Toujours à la CFDT, pourtant favorable à cette réforme, Frédéric Sève, le secrétaire national chargé des retraites, a d'ailleurs demandé des clarifications à l'Elysée avant de poursuivre les discussions. Yves Veyrier enfin, le responsable de FO, a rappelé que c'était une ligne rouge. Tous considèrent en tous cas qu'une telle mesure serait un reniement majeur à la promesse présidentielle d'Emmanuel Macron, qui s'était engagé à ne pas toucher à l'âge légal de départ à la retraite. « C'est toute la crédibilité de la méthode de Jean-Paul Delevoye qui est aujourd'hui remise en cause, cela va forcément laisser des cicatrices », explique l'un de ceux qui est au coeur de la négociation. Un responsable syndical considère même que le gouvernement n’arrivera pas à jouer sur les deux fronts : à la fois faire sa réforme systémique et en même temps reculer l'âge de départ à la retraite. Cela reviendrait donc, selon cette source, à enterrer la création du système universel.