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Retraites : l’âge de départ restera fixé à 62 ans

Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire à la réforme des retraites

Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire à la réforme des retraites - Eric FEFERBERG / AFP

Le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, dit avoir obtenu cette garantie du gouvernement. Dans le même temps, il estime que l'âge de départ d'équilibre du régime est de 63/64 ans.

Principal point de crispation de la réforme des retraites, l’âge légal de départ fait débat. D’un côté, Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire chargé de mener cette réforme, qui s’est toujours déclaré farouchement opposé à tout report de l’âge légal de départ, à savoir 62 ans.

De l’autre, l’opposition mais aussi des membres du gouvernement, principalement issus de la droite, ont régulièrement appelé à repousser cet âge afin de sauver le système français par répartition. Au point de faire douter l’Elysée, de créer une véritable cacophonie et pousser Jean-Paul Delevoye à menacer de jeter l’éponge. Rappelons que le chef de l'Etat s'était engagé à ne pas toucher à cet âge durant la campagne de 2017.

Alors que la fin de la concertation approche, les choix se confirment. Et le Haut-commissaire semble avoir remporté la partie puisqu’il indique ce mercredi avoir obtenu du gouvernement la garantie que l’âge minimum légal de départ ne changerait pas.

« J’ai souhaité une clarification apportée par le Premier ministre qui a confirmé mon mandat : l’âge légal ne changera pas », assure Jean-Paul Delevoye. De quoi rassurer les syndicats ? FO s’est retiré des négociations tandis que le Medef a proposé pour sa part la semaine dernière de repousser l'âge de la retraite à 64 ans d'ici à 2028.

Pour autant, le Haut-commissaire explique qu’il faut offrir une certaine marge pour sauvegarder le système : « On veut donner la liberté de partir à 62 ans en responsabilisant la personne. Mais notre responsabilité à nous, pour la pérennité du système, c’est d’amener les gens à 63, 64 ans qui est l’âge d’équilibre du système ».

Confusion

Traduction, comme prévu, il sera toujours possible de prétendre à un départ à la retraite à 62 ans mais il ne se fera pas à taux plein. La « responsabilisation » évoquée consiste donc à faire passer ce message. Pour jouir de tous ces droits, il faudra bien pousser son activité jusqu’à 63 ou 64 ans au minimum. Donc travailler plus, un point qu'Emmanuel Macron entend faire accepter par les Français.

Mais l’essentiel est sauf, les 62 ans comme âge minimal est préservé (en tout cas selon le haut-commissaire), ce qui évitera un choc psychologique que veut à tout prix éviter le gouvernement dans cette période de crise sociale.

« La droite a plutôt tendance à avoir une vision comptable et budgétaire des choses », a-t-il ajouté. « C'est une vision de court terme qui l'emporte sur le moyen terme ».

Selon lui reculer l'âge légal d'un an serait « une modification profonde du contrat puisqu’on demanderait de cotiser un an de plus pour avoir un an de retraite en moins », a-t-il ajouté.

Cela « fragiliserait complètement la franchise des cinq ans qui avait été annoncée » - le gouvernement a précisé que la réforme des retraites ne concernerait pas les Français devant liquider leurs droits cinq ans après l'adoption du projet de loi.

Par ailleurs, si reculer l'âge de départ à la retraite d'un an permettrait de récupérer 6 à 7 milliards d'euros par an selon des calculs de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), le Haut-commissaire estime qu’il faut aussi prendre en compte les éventuelles augmentations possibles du nombre d'arrêts maladie, coûteux pour la sécurité sociale. « Le résultat net est nettement inférieur », prévient-il.

La concertation sur la réforme des retraites doit s’achever en mai.

Olivier CHICHEPORTICHE