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Retraites: l'opinion ne se retourne pas mais évolue en faveur du gouvernement, estime Elabe

Selon un sondage du cabinet de conseil, l'opposition à la réforme du gouvernement a perdu 4 points mais elle reste encore majoritaire.

La grève dans les transports qui perdure ne semble pas encore avoir poussé les Français à changer massivement d'opinion sur la réforme des retraites voulue par le gouvernement. Selon un sondage* d'Elabe publié ce lundi, l'opposition à cette réforme reste majoritaire mais les choses semblent évoluer.

"Il n'y a pas de basculement, pas de retournement de l'opinion", commente Bernard Sananès, président du cabinet de conseil sur le plateau de "12h, l'Heure H" sur BFM Business. "Mais par contre, il y a des évolutions. Ces évolutions, elles ne sont plutôt pas défavorables au gouvernement. Et en soi c'est déjà un petit événement parce que la tradition veut que quand le conflit dure, l'opinion se retourne vers l'exécutif en disant 'qu'est ce que vous faites pour nous sortir de cette situation?'", commente Bernard Sananès.

A la question: "est-ce qu'on est pour ou contre la réforme, une majorité de Français (53%) reste défavorable à la réforme, c'est moins 4 points. Et puis 53/47 pour un gouvernement qui a 70% d'impopularité...".

Reste que dans le détail, Elabe souligne le "gros problème" pour le gouvernement. "Qui est le plus favorable? Les retraités, le socle électoral d'Emmanuel Macron. Par contre tous les actifs, les milieux populaires, les classes moyennes restent très opposés à la réforme".

L'âge pivot cristallise les oppositions

"Donc, des petits signaux encourageants pour le gouvernement qui semblait avoir perdu totalement la bataille de l'opinion avant les fêtes. Je dirais qu'aujourd'hui c'est un peu plus équilibré et cet élément va venir avoir un petit impact dans les négociations cette semaine", estime Bernard Sananès.

Concernant les composantes de la réforme, "les deux tiers des Français" sont favorables à la suppression des régimes spéciaux. Elabe constate par ailleurs "une courte majorité" de soutien au principe d'universalité "ça veut dire que le principe de la réforme est plutôt partagé". "Mais par contre, sur l'âge pivot, c'est là que se cristallise l'opposition. Près de deux tiers des Français (65%) y sont opposés dans toutes les classes d'âge. On voit bien que c'est la mesure aujourd'hui qui rend cette réforme difficilement acceptable pour une bonne partie de l'opinion". 

Du côté des mouvements sociaux, si l'approbation (sympathie plus soutien) de l'opinion "reste assez stable", la composante 'soutien' est en recul de 3 points. "Le recul est très fort en Ile-de-France. Mais même en Ile-de-France, il faut le dire, l'approbation du mouvement reste légèrement majoritaire", conclut le spécialiste.

*: Enquête réalisée selon la méthode des quotas auprès d'un échantillon de 1004 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Interrogation par Internet du 3 au 5 janvier 2020.

Olivier Chicheportiche