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Retraites : le report de l’âge légal est-il le seul paramètre efficace ?

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- - THOMAS SAMSON / AFP

La Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse (CNAV) a dévoilé les chiffres 2018 des départs en retraite. Et les Français partent de plus en plus tard.

A quel âge partons-nous à la retraite ? Pratiquement 63 ans, nous dit la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse (CNAV). Cela veut dire que l'on dépasse l'âge légal de 62 ans ? Oui, car l’âge moyen de départ à la retraite dans le privé, en 2018, était de 62 ans et 8 mois.

Si on exclut ceux qui bénéficient d'un départ anticipé (pour carrière longue ou pour handicap), l'âge moyen du départ à la retraite dépasse même 63 ans. La pente est d’ailleurs sans ambiguïté : c’était 61 ans et 7 mois en 2006. En 2018, c’est 62 ans et 8 mois soit 2 mois et demi de plus qu'en 2017…

Que faut-il retenir de ces chiffres ? Tout d’abord, le report de l'âge légal est le seul paramètre vraiment efficace pour assurer l'avenir d'un système de retraite. Quand l'espérance de vie ne cesse de croitre, quand le nombre d'actifs face aux retraités ne cesse de baisser, la seule solution est de travailler plus longtemps, si l’on ne veut pas baisser les pensions ou monter les cotisations.

Une adaptation du marché du travail

La deuxième conclusion que l’on peut tirer, c’est que l'affirmation selon laquelle repousser l'âge de départ ne sert à rien, si on jette les vieux passés 55 ans, ne tient pas. A chaque report de l'âge légal, on a constaté que le marché du travail s'adapte, certes avec un peu de retard. Mais chaque report de l'âge légal s'accompagne d'une évolution du marché du travail. Mécaniquement, les entreprises gardent plus longtemps les salariés.

Troisième conclusion : pour avoir une retraite confortable, évidemment il faudra dépasser 62 ans. C'est d’ailleurs l'objet de la réforme en cours qui prévoit des surcotes pour chaque année dépassant les 62 ans.

Reste l’épineuse question des régimes spéciaux. C'est sur ce sujet qu'Alain Juppé a dû capituler en 1995. Cela concerne 765 000 fonctionnaires (hôpital, police, douanes…) et des millions de salariés (RATP, SNCF, contrôleurs aériens…). Pour eux, les droits s'ouvrent à 52 ans ou 57 an. Cela va être évidemment compliqué d'expliquer à un conducteur de trains qu'il ne peut plus partir à 52 ans mais à 62 ans soit 10 ans plus tard.

Selon toute vraisemblance, malgré la mise en place d'un régime universelle à points, des cas particuliers vont subsister au nom de la « clause du grand-père » qui permet à ceux qui bénéficient de leur statut en cours de ne pas le perdre. Conséquence : un vrai alignement des âges de départ prendra au minimum 10 à 15 ans.