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La réforme des retraites, un test pour la nouvelle méthode de l’exécutif

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- - GERARD JULIEN / AFP

Le gouvernement veut plus de concertation, une approche légitime selon Philippe Vivien, directeur général d'Alixio, un cabinet de conseil en stratégie.

Le calendrier de la réforme des retraites restait entouré du plus grand flou: le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a évoqué une concertation de près d'"un an", le Premier ministre Edouard Philippe assurant ensuite que le projet de loi serait examiné au Parlement "dans les mois qui viennent".

"Ma détermination est totale, mais dans la méthode, nous voulons prendre le temps d'abord de partager sur un texte aussi important", a expliqué le Premier ministre lors d'un déplacement dans un lycée du Muy (Var). Il sera tenu "compte de ce qui sera dit" lors de la vaste concertation annoncée "pour faire un projet de loi qui sera présenté au Parlement, comme je m'y suis engagé, dans les mois qui viennent", a-t-il poursuivi.

Les échéances se sont allongées autour de ce projet de loi qui initialement devait être présenté en Conseil des ministres avant la fin de l'année 2019. Ce changement illustre le virage pris par le gouvernement dans sa méthode, méthode qui doit se généraliser pendant l’acte II du gouvernement.

"Pas du temps perdu"

Interrogé sur BFM Business, Philippe Vivien, directeur général du cabinet de conseil en stratégie Alixio estime ce virage légitime. "Si je prends une image: les retraites en France, ce sont 42 régimes, et on va passer à un seul régime unique. C'est comme si vous aviez 42 avions en l'air que vous vouliez faire atterrir sur la même piste. C'est évidemment d'une extrême complexité. Et il n'y a pas de raison de ne pas se donner du temps. Ca va se mettre en place en 2025, et véritablement en 2030. On a entre 5 et 10 ans devant nous pour que tout ça se mette en musique. Prendre une année, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, pour se concerter et négocier, ça ne me parait vraiment pas du temps perdu".

Le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye avait présenté mi-juillet un rapport préconisant la mise en place, à partir de 2025, d'un "système universel" de retraites par points fusionnant les 42 régimes existants. Il avait recommandé de fixer un "taux plein" à l'âge "pivot" de 64 ans pour tous, assorti d'un système de décote/surcote.

Le président Emmanuel Macron avait créé la surprise lundi en disant préférer "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge" de départ, tout en affirmant que "rien" n'était "décidé" à ce stade.

Nouvelle phase de concertation jeudi

Edouard Philippe lancera jeudi et vendredi à Matignon une nouvelle phase de concertation sur la base du rapport Delevoye, en recevant syndicats et patronat. Un processus de "concertation citoyenne" doit ensuite être lancé à l'automne.

"Lorsque j'aurai rencontré les organisations syndicales et patronales, il me reviendra de faire des annonces sur ce calendrier, sur ce rythme, sur cette méthode, mais ne croyez en rien que la détermination du gouvernement serait amoindrie", a insisté le chef du gouvernement.

OC avec AFP