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Economie et Social

Royal : « Ceux qui délocalisent devraient rembourser les aides publiques »

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Ségolène Royal, invitée mercredi 21 mai, est rvenue sur le cas des salariés de Mittal à Gandrange en Lorraine.

Jean-Jacques Bourdin : Mais dans une économie de marché, pour Mittal par exemple, qu'est-ce qu'on peut faire ?

Ségolène Royal : On peut imposer la responsabilité des entreprises à l'égard des territoires, lorsqu'elles ont reçu des fonds publics. Les entreprises réfléchiraient peut-être à deux fois avant de délocaliser, elles regarderaient le coût que ça représente pour elles. Ce n'est pas parce qu'on est dans une économie de marché qu'il faut se priver d'une politique industrielle. Ce que demandent les organisations de salariés, à juste titre, c'est qu'il y ait une réunion tripartite entre l'État, le patronat et les organisations syndicales, pour que l'ensemble des engagements qui sont pris par Mittal, qui a promis d'investir en appui avec le Président de la République 330 millions d'euros pour un nouveau projet industriel, soient écrits. Il y a aussi tout le problème de la sous-traitance : Mittal s'est engagé à continuer, même s'ils sont en Allemagne, à faire ses commandes aux sous-traitants en France parce qu'il y a autant d'emplois menacés dans la sous-traitance que dans l'entreprise elle-même et là il y a une vraie loi du silence, souvent, sur les difficultés des sous-traitants.

Jean-Jacques Bourdin : Pourquoi chaque entreprise n'aurait elle pas le droit de négocier la durée du temps de travail ?

Ségolène Royal : Parce que ça conduirait d'abord à un démantèlement de la durée légale du travail, c'est-à-dire que dans les entreprises où il n'y a pas de syndicat, où il n'y a pas de représentant des salariés, dans les petites entreprises où il y a un rapport de force très inégalitaire, les salariés n'auront pas les moyens de résister à la pression patronale et au chantage au licenciement. Donc la durée légale du travail c'est un progrès social considérable, qui est fixé à 35 heures, qui est annualisé, donc il y a déjà des souplesses suffisantes. Je crois qu'il faut réconcilier les français avec l'entreprises, c'est-à-dire trouver des moyens pour faciliter l'agilité des entreprises mais uniquement quand elles sont confrontées.

La rédaction-Bourdin & Co