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S&P prive la France de son AA+: quelles conséquences?

L'impact sera quasi-nul pour les finances publiques.

L'impact sera quasi-nul pour les finances publiques. - -

Standard and Poor's a rabaissé d'un cran la note de crédit de la France, à AA, ce vendredi 8 novembre. Un revers pour le gouvernement, mais les économistes jugent que l'impact reste faible pour les finances publiques.

Standard and Poor's était la première agence à avoir privé la France de son triple A, le 13 janvier 2012. Ce vendredi 8 novembre, elle est devenue la première agence à enlever à l'Hexagone la deuxième meilleure notation, AA+, en abaissant sa note de crédit d'un cran à AA.

Le problème que pose ce type de décision concerne l'impact sur les finances publiques françaises. En effet, les notes données par les agences de notations constituent une indication pour les marchés, qui investissent en prêtant de l'argent à un Etat. Théoriquement, plus la note est bonne, plus bas sont les taux d'intérêts concédés par un pays pour emprunter, et donc financer son budget.

Ce vendredi, la décision de Standard and Poor's a été suivie d'une hausse très modérée des coûts d'emprunt de la France à 10 ans. Le taux des obligations français à 10 ans s'élevaient ainsi à 2,19%, vers 11h50, soit 0,033% de plus que la veille.

Des agences moins crédibles

Faut-il pour autant penser que la décision de S&P va peser à plus long terme? Rien n'est moins sûr.

"Le marché semble dire "oui, S&P dégrade la France, et alors?", estime Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis qui explique que "les agences de notations n'ont plus autant de pouvoir qu'auparavant, elles ne sont plus jugées aussi crédibles. Leurs décisions sont critiquées et critiquables."

A la lecture des raisons invoquées par S&P, l'insuffisance des réformes budgétaires et structurelles, il estime que S&P aurait très bien pu prononcer ce verdict il y a plusieurs mois déjà.

De plus "le passage de AAA à AA+ est beaucoup plus difficile que de AA+ à AA", considère-t-il; rappelant que la Belgique, qui bénéficie de cette dernière notation, emprunte à peine plus cher que la France.

"Un impact quasi-nul"

En conséquence, il ne voit que des conséquences limitées, d'autant que S&P ne sera pas forcément suivie par ses consœurs. "Il y a une petite probabilité pour Moody's, mais pour Fitch, cela est très peu probable dans la mesure où ils ont déjà dégradé la France cet été".

"Mécaniquement, l'impact pour les finances publiques est quasi-nul", abonde FrédériK Ducrozet, économiste zone euro chez Crédit Agricole CIB. Il rappelle à ce titre que le gouvernement a bâti le Budget 2014 sur des hypothèses de taux très conservatrices.

Le Projet de loi de Finances pour 2014 retient ainsi un taux à 10 ans à 3% fin 2013 et 3,5% fin 2014. Ce qui est effectivement très prudent quand on sait que ce chiffre est actuellement à 2,20%.

Le gouvernement sous pression

De plus, "quelles que soient les opinions, aussi pessimistes soient-elles, nous pensons que la France va continuer de bénéficier de l'environnement attractif sur les taux", souligne l'économiste. Les taux français ne risquent donc pas de s'envoler. Le Crédit Agricole pense même que d'ici la fin de l'année ils vont se rapprocher de ceux de l'Allemagne, un pays qui se finance extrêmement bien sur les marchés.

Toutefois Frederik Ducrozet met en garde sur un point: "en terme de politique économique, il y a une pression sur le gouvernement pour réaliser davantage d'économies budgétaires et de réforme structurelle. Il clair que la décision de S&P ne va pas la diminuer, bien au contraire".

Le gouvernement, dont la politique économique a déjà été critiquée par Bruxelles, est une nouvelle fois incité à revoir sa copie. S'il décide de réaliser davantage d'économies et de réformes, l'activité et la consommation des ménages pourraient être impactés, in fine.

Julien Marion