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"S'endetter pour payer des pensions, c'est un mauvais choix", martèle l'institut Montaigne

Laurent Bigorgne, le directeur général de l'institut Montaigne, souligne que la réforme des retraites ne doit pas dégrader la compétitivité de l'économie française.

La tournure que prend la réforme des retraites, avec la multiplication d'exceptions au régime universel que veut mettre en place le gouvernement, commence à sérieusement inquiéter l'institut Montaigne qui soutient par ailleurs la retraite par points.

Invité ce lundi sur le plateau de "12h, l'Heure H" sur BFM Business, Laurent Bigorgne, le directeur général du think tank libéral est très clair: "Je pense qu'il ne faut pas perdre le sens de cette réforme. Mais on ne peut pas se permettre de faire une réforme (...) qui viendrait dégrader la compétitivité de l'économie française. De la même façon qu'on ne peut pas se permettre de faire une réforme qui n'irait pas dans le sens du redressement des finances publiques".

Et d'ajouter: "Il y a un problème de fond. (...). On est le seul pays de notre catégorie à laisser partir les gens aussi tôt à la retraite. Ca compte énormément, c'est un décalage que nous avons avec tous les autres".

"Plutôt s'endetter pour investir"

"Il faut être très sérieux: on est à 100% aujourd'hui de dette publique, 100% de notre PIB. On n'arrive pas à faire baisser le déficit. (...) La situation d'ensemble, c'est que nous vivons au-dessus de nos moyens d'une part. Et que, d'autre part, je ne suis pas un ayatollah d'une quelconque orthodoxie en matière budgétaire, il n'en reste pas moins que s'endetter pour payer des pensions alors qu'il faudrait plutôt s'endetter en ce moment pour investir, innover et relever notre croissance potentielle, c'est un mauvais choix. C'est ce qui me dérange beaucoup dans le débat sur les retraites, on est allé sur quelque chose de très 'mécaniste' qui était au fond: 'on va passer à un système universel'. C'est un système qui n'a rien d'universel en réalité. Cette universalité est en train d'être mitée par un certain nombre de concessions qu'on est conduit à faire", analyse le directeur général de l'institut Montaigne.

Selon lui, réforme ou pas, l'Etat dépense trop pour les retraites. "A 13,8 points de PIB, qui est l'emprise des retraites sur le PIB, on est un point et demi au-dessus de la moyenne européenne. (...) Voyez la croissance potentielle de la France, elle n'est pas bonne. (...) On n'a pas aujourd'hui nécessairement du côté de l'économie productive mis les oeufs dans le bon panier. (...) On est en train de discuter en ce moment d'une grande loi pour la recherche. Est-ce qu'on saura la financer? Est-ce qu'on saura financer ce qu'on devrait faire dans le champs éducatif pour rehausser en permanence le niveau de croissance potentielle de ce pays? C'est ça qui m'inquiète". 

Olivier Chicheportiche