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Finances publiques

Les salaires ont tiré les marges des entreprises vers le bas

Les salaires ont évolué plus fortement que la productivité depuis 2008.

Les salaires ont évolué plus fortement que la productivité depuis 2008. - -

Une étude de l'Insee publiée ce mercredi 18 juin démontre que les salaires ont moins ralenti que la productivité des entreprises lors des années de crise entre 2009 et 2010. Ce qui a compressé la situation financière des sociétés françaises.

Pierre Gattaz avait provoqué une polémique en réclamant, le 29 avril dernier, une modération des salaires sur deux ou trois ans. "Ces dernières années, les salaires en France ont augmenté plus vite que l'inflation et que la productivité. Petit à petit, nous avons ainsi 'mangé' notre avantage compétitif par des augmentations", déclarait-il.

Une étude de l'Insee publiée ce mercredi 18 juin donne raison, tout du moins sur le constat, au patron des patrons. Dans ce document intitulé "La résistance des salaires depuis la grande récession", l'institut rappelle que le taux de marge des entreprises françaises a dégringolé, passant d'une fourchette de 32-34% avant la crise de 2008 à un plus bas de 29,7% en 2013.

Résistance des salaires

L'Insee explique "que cette baisse traduit pour l'essentiel la résilience des salaires réels". De fait, depuis 2008 et la crise, les salaires ont ralenti mais "beaucoup moins que ce que la productivité aurait laissé attendre", poursuit l'institut.

Dans le détail, l'Institut observe que jusqu'en 2009 "salaires réels et productivité croissent au même rythme". C'est ensuite sur la période 2009-2010 que les salaires continuent de progresser tandis que les gains de productivité fléchissent, provoquant la chute des marges des entreprises. A partir de 2011, la hausse des salaires réels ralentit, se rapprochant de l'évolution de la productivité sans pour autant la rattraper.

La modification de la population active

L'Insee donne quelques pistes pour expliquer pourquoi les salaires ont évolué plus fortement que la productivité. L'une d'entre elles est l'évolution de la population active ayant un emploi. "En période de creux conjoncturel, la hausse du chômage porte beaucoup sur les moins diplômés, diminuant la part des salaires dans la distribution, ce qui provoque mécaniquement une hausse du salaire moyen par tête" détaille-t-il.

Autre explication,"la réponse contemporaine des salaires à un choc d'activité spécifique est particulièrement faible, et ce quelle que soit l'année", écrit l'Insee.

Le titre de l'encadré ici

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Lexique:

Les salaires réels: il s'agit de l'évolution des salaires corrigée de l'inflation. Si les salaires augmentent de 4% mais que l'inflation progresse de 3%, le pouvoir d'achat des salariés n'augmente ainsi que de 1%.

La productivité: Il s'agit de l'ensemble des biens (ou services) produits pour des ressources données. Si la production augmente alors que les ressources en travail et en capital sont les mêmes, la productivité de l'entreprise s'améliore, et, théoriquement, sa marge également.

J.M.