BFM Business
Economie et Social

Sarkozy veut intensifier les actions coup de poing dans les cités

Nicolas Sarkozy serre la main de Jonathan Pigeon (deuxième à gauche), chauffeur d'un bus attaqué mercredi à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis. Dans un communiqué, le chef de l'Etat a appelé les forces de l'ordre à "intensifier les opérations coup d

Nicolas Sarkozy serre la main de Jonathan Pigeon (deuxième à gauche), chauffeur d'un bus attaqué mercredi à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis. Dans un communiqué, le chef de l'Etat a appelé les forces de l'ordre à "intensifier les opérations coup d - -

PARIS - Nicolas Sarkozy appelle les forces de l'ordre à "intensifier les opérations coup de poing" dans les cités sensibles, après l'attaque de...

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy demande aux forces de l'ordre d'intensifier les opérations coup de poing dans les cités sensibles après l'attaque de plusieurs bus mercredi dans la région parisienne.

Alors que des escortes policières ont été mises en place pour les bus circulant sur la ligne visée à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), le chef de l'Etat a reçu dans l'après-midi les chauffeurs victimes de ces agressions.

A l'issue de cet entretien, Nicolas Sarkozy a demandé au ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, "d'intensifier les opérations coup de poing dans les cités sensibles dont aucun espace ne doit échapper à l'autorité de la loi", indique l'Elysée dans un communiqué.

Ce fait divers a relancé l'inquiétude sur l'insécurité et le débat sur la stratégie policière dans les banlieues. Le Parti socialiste et le principal syndicat de police ont demandé vendredi l'arrêt des suppressions de poste de policiers et l'envoi de renforts permanents.

Deux jours après l'attaque et l'incendie au cocktail molotov d'un bus à Tremblay-en-France, suivi du "caillassage" d'un autre bus, Nicolas Sarkozy a reçu les deux chauffeurs concernés, Jonathan Pigeon et Morad Hamidi, accompagnés de plusieurs collègues et syndicalistes.

Le directeur général de la police Frédéric Péchenard et le préfet de Seine-Saint-Denis Nacer Meddah assistaient à l'entretien. A leur sortie, les chauffeurs ont déclaré que le président leur avait exprimé son soutien et qu'il leur avait promis des moyens sur la ligne attaquée.

L'un des conducteurs agressés a dit vouloir davantage.

"On demande de la sécurité partout dans le '93' (le numéro du département de la Seine-Saint-Denis) et pas seulement sur la ligne qui a été attaquée, parce que partout il peut nous arriver des choses comme ça", a dit Jonathan Pigeon.

Dans la journée, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux avait annoncé le déploiement de 80 policiers pour escorter les bus des deux compagnies assurant la desserte de la ligne où se trouve Tremblay.

"Nous maintiendrons ce dispositif autant que ce sera nécessaire", a-t-il dit aux journalistes en visitant le siège de l'entreprise de transport en commun TRA, à Villepinte.

LES SYNDICATS POLICIERS VEULENT DES RENFORTS

Les chauffeurs de TRA ont décidé de reprendre leur travail après les attaques de mercredi, mais les bus de l'autre compagnie du département, les Courriers de l'Ile-de-France, ont poursuivi leur arrêt de travail vendredi en vertu de leur droit de retrait, a expliqué le ministre.

Le principal syndicat de police, Unité SGP Police, a mis en cause la Révision générale des politiques publiques (RGPP), par laquelle le gouvernement entend réduire les dépenses de l'Etat par le biais de suppressions de milliers de postes de policiers, notamment en banlieue.

"Dans le seul département de Seine-Saint-Denis, il faudrait plusieurs centaines de policiers en renfort, essentiellement au niveau des commissariats, pour avoir une présence permanente sur le terrain, et pas seulement pour renforcer les unités d'intervention auxquelles on fait appel quand ça s'enflamme", a dit à Reuters Nicolas Comte, secrétaire général de cette organisation.

Le président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, a déclaré sur France Info qu'il manquait 400 policiers dans son département et estimé que ceux qui y travaillaient actuellement étaient trop jeunes.

"Je veux qu'il y ait un discours, mais aussi des actes de fermeté. Et je ne veux pas que ce soit simplement des petites visites ministérielles sans suivi", a-t-il dit.

L'agression de Tremblay s'est déroulée en toile de fond possible d'un trafic de drogue, puisque que quatre personnes âgées de 21 à 27 ans ont été arrêtées et 980.000 euros saisis lundi dernier lors d'une opération de police dans la localité, a annoncé vendredi le parquet dans un communiqué.

Le parquet a ouvert une information judiciaire et les quatre hommes ont été déférés à la justice en vue de leur mise en examen, a ajouté le parquet.

Les syndicats de police et la gauche estiment que la politique menée depuis 2002, qui a dégarni les banlieues d'effectifs permanents, pour privilégier des opérations "coup de poing" spectaculaires, ne donne pas de résultats probants.

Le problème n'est pas propre à la Seine-Saint-Denis, un rapport officiel de la police ayant récemment montré que 1.100 policiers avaient été blessés dans des violences dans tout le pays en janvier et février.

Thierry Lévêque, Gérard Bon, Elizabeth Pineau, Nicolas Bertin, édité par Yves Clarisse