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Economie et Social

Après 7 semaines de déconfinement, la reprise de l'activité patine

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- - AFP

L’économie française a largement redémarré après la déconfinement. Mais on constate peu de progrès depuis une semaine.

Mais comment et à quel rythme l’économie française redémarre-t-elle après deux mois de mise à l’arrêt forcée pour endiguer l’épidémie de Covid-19? C’est ce que nous mesurons chaque semaine avec ce tableau de bord du déconfinement.

Un tableau de bord composé d’une trentaine d’indicateurs existant sur une base hebdomadaire voire quotidienne, qui concernent tous les secteurs de l’industrie, des services, du commerce, qui concernent aussi l’emploi, la confiance des ménages et des entreprises, qui sont publics ou qui nous sont fournis en exclusivité.

D’abord le point de départ : si l’on en croit l’Insee le creux de l’activité a été atteint dans la deuxième quinzaine de mars, avec un rythme d’activité correspondant à 63% seulement du rythme normal.

Il y a bien eu un effet accélérateur consécutif à chaque étape du déconfinement le 11 mai, le 2 juin et le 15 juin. Si bien qu’aujourd’hui l’économie française tourne à environ 90% de ses capacités de production habituelles. Mais on est à un point d’inflexion. Sur les 37% de capacités perdues, la France en a récupéré 27 (les trois quarts) après une reprise en V de 5 semaines. Mais le rythme de la reprise ralentit et les derniers 10% seront beaucoup plus longs à récupérer.

Allègement du protocole sanitaire

La semaine qui s’achève est plus riche de promesses que de résultats. La promesse, c’est l’allègement à venir du protocole sanitaire dans les entreprises (passage des 4 m2 à 1m de distance), qui va donner un coup de fouet à la productivité et devrait permettre de se rapprocher de la barre des 95% de taux d’utilisation des capacités de production de l’économie française d’ici à septembre.

Exemple typique: le BTP. 93% des chantiers sont désormais ouverts, selon l’enquête hebdomadaire réalisée par les cellules économiques régionales de la construction (CERC) et 69% seulement affichaient un niveau d’activité normal. Ou bien les cafés restaurants: le baromètre Payment Data de la fintech CDLK est très intéressant à cet égard. La clientèle a répondu présent, mais les contraintes sanitaires sont telles que la fréquentation n’atteint encore que 78% de la normale.

Même chose pour les services à la personne, selon la Fintech SumUp: on est encore cette semaine 35% en dessous des niveaux d’avant crise, en partie à cause des contraintes sanitaires.

Normalisation de la consommation

Cette remontée en puissance devrait compenser ce qu’on pourrait appeler la normalisation de la consommation, qui a été le premier gros moteur du redécollage.

Beaucoup de commerces qui tournaient en surrégime depuis le début de confinement, parfois 20 à 30% au-delà des rythmes d’avant crise, retrouvent leur tendance de longue période. C’est le cas dans l’alimentation dans les hyper, les jardineries, les animaleries et le secteur beauté/bien-être, nous explique le baromètre de la fintech CDLK.

Le rattrapage n’est en revanche pas fini dans l’automobile : au début de semaine il y avait plus de 15.000 ventes par jour, contre 300 au cœur du confinement.

Bonne synthèse de tout ça : la logistique, peut être le baromètre qui synthétise le mieux le niveau d’activité et qui est calé depuis trois semaine à 95% de son niveau d’avant crise selon l’indice Winfret de l’éditeur de logiciel de transport Abacom.

Vague de faillites en vue

Reste la grande inconnue : quelle sera la hauteur de la vague de faillites et de licenciements qui devrait déferler sur la France à partir de cet été et à l’automne?

Tout dépendra du comportement des entreprises. Il y a quatre cas de figure: celles qui hésitent et ont gelé les embauches, celles qui recourent au chômage partiel en espérant tenir pour éviter les licenciements, celles qui vont licencier pour se restructurer, et enfin celles qui feront faillite.

Sur les embauches, les entreprises sont encore frileuses: selon Indeed, les annonces sont revenues à 74% du niveau d’avant crise (65% au cœur de la crise) alors que les candidatures sont en hausse de 40%.

Sur le chômage partiel, le dispositif de longue durée annoncé jeudi va dans le bons sens. Mais les faillites pourraient coûter 250.000 emplois de plus selon les projections de l'OFCE. Les restructurations d’entreprises seront nombreuses, avec déjà 143 plans de sauvegarde de l'emploi depuis le 1er mars, auxquels il faut ajouter 1.344 petits licenciements collectifs (pour 19.287 emplois en jeu). L’ampleur des licenciements dépendra de la constructivité du dialogue social.

Si la France semble avoir plus souffert, c’est aussi le pays qui rebondit le plus

Maintenant que la trajectoire de sortie de crise semble stabilisée au moins à l’horizon des prochaines semaines, il nous a paru judicieux d’élargir la focale en regardant ce qui se passe au niveau de chaque secteur et dans les autres pays, grâce au baromètre du cabinet de conseil BCG.

Ce qui est très intéressant, c'est que si la France semble avoir plus souffert, c’est aussi celle qui rebondit le plus. C’est vrai pour les entreprises, c’est encore plus vrai pour les consommateurs. Le pays qui pour le moment semble avoir le plus de difficultés, c’est le Royaume-Uni, notamment du côté de la consommation des ménages.