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The Economist : "Il n’est pas trop tard pour désamorcer la bombe"

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La parution de l’hebdomadaire britannique a suscité la polémique vendredi. Sur BFM Business, ses représentants européens ont clarifié le sens de la Une qui qualifie la France de "bombe à retardement".

La France ? Une "bombe à retardement au cœur de l’Europe", estime l’hebdomadaire britannique The Economist en Une cette semaine. L’éditeur européen a réagi vendredi face au flot de critiques émanant de l’Hexagone pour dénoncer l’exagération du magazine. Sophie Pedder, chef du bureau de The Economist à Paris, et John Peet, rédacteur en chef Europe de l’hebdomadaire, se sont justifiés sur le plateau du 20h30 d’Hedwige Chevrillon vendredi 16 novembre.

Tous deux se disent surpris par la virulence des réactions en France. Pour rappel, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a qualifié l’hebdomadaire de "Charlie Hebdo de la City", tandis que Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, ou Laurence Parisot, la patronne des patrons, ont trouvé la Une "très exagérée", "outrancière".

Sophie Pedder et John Peet reconnaissent que la couverture du magazine, agrémentée d’un fagot de baguettes de pain, ceint d’un drapeau tricolore, avec une mèche allumée s’en échappant est "provocante". Mais "il faut lire le contenu du dossier", martèlent-ils.

Les journalistes ne disent rien de plus que le rapport Gallois

Ce que les journalistes de The Economist y disent ? Que "la France a des problèmes", qu’elle "doit réformer", dit l’éditeur européen. D’ailleurs pour Sophie Pedder, "cette sensibilité sur le sujet est la preuve que le gouvernement sait qu’il y a du travail à faire en France et que le temps presse, que les choses sont graves".

Et les auteurs du dossier n’inventent rien, "leur analyse ne dit pas autre chose que ce que ce que contiennent les rapports publiés en France", assure-t-elle. La chef du bureau de Paris rappelle ainsi que "le rapport de la Cour des comptes publié au mois de juillet qualifiait la situation de la France de dangereuse", que "le rapport Gallois parle d’urgence".

Même le plus haut niveau de l’Etat a, semble-t-il, pris conscience de la nécessité d’agir, estiment les représentants de The Economist. François Hollande qui dit "il faut faire mieux en dépensant moins", c’est "très nouveau et très intéressant", s'enthousiasme Sophie Pedder. Mais pour John Peet, c’est seulement "un commencement", parce que "pour le moment, ce ne sont que des mots".

L’éditeur européen de l’hebdomadaire attend notamment "l’issue des négociations sur le marché du travail, et des coupes majeures dans les dépenses publiques". John Peet considère encore que mettre des réformes en pratique en France est "très difficile". Plus qu’en Italie ou qu’en Espagne peut-être, parce que la France manque de "conscience de l’état de crise".

Mais rien n'est définiti pour Sophie Pedder, qui considère que la Une de The Economist reste optimiste : "Une bombe à retardement, on peut encore l’arrêter à temps, il n’est pas trop tard".

Nina Godart