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Thierry Breton, Emmanuel Macron et les patrons

Emmanuel Macron et Thierry Breton chez Atos en 2016

Emmanuel Macron et Thierry Breton chez Atos en 2016 - ERIC PIERMONT / AFP

Le PDG d’Atos et le président de la République se connaissent bien. Ils fréquentent les mêmes cercles patronaux.

En proposant la nomination de Thierry Breton à la Commission européenne, Emmanuel Macron promeut un vieil ami. Les deux hommes se témoignent un profond respect. D’abord car ils ont tous les deux été ministres de l’Economie. Mais aussi car leurs parcours se sont croisés à plusieurs reprises.

Tout commence il y a près de quinze ans. Emmanuel Macron, alors âgé de 29 ans, fait ses armes d’inspecteur des Finances quand Thierry Breton dirige Bercy entre 2005 et 2007. Il planche sur plusieurs missions commandées par le ministre de l’Economie. Doué, le jeune énarque est vite repéré par le milieu des affaires dans lequel Thierry Breton nage comme un poisson dans l’eau.

Macron, banquier de Breton

Des couloirs sombres de Bercy, les deux hommes se recroisent brièvement dans salons feutrés et chic de la banque Rothschild. Thierry Breton en devient conseiller de luxe à sa sortie de Bercy en septembre 2007 mais n’y reste qu’un peu plus d’un an. Il y croise Emmanuel Macron qui a rejoint la célèbre banque d’affaires en septembre 2008, deux mois avant que Thierry Breton ne la quitte pour diriger Atos.

Mais les deux hommes travaillent ensemble en 2010 et 2011 quand Atos rachète les activités informatiques de l’allemand Siemens. Thierry Breton choisit alors comme banquier… Emmanuel Macron. Une opération importante pour les deux hommes. Elle permet au PDG d’Atos d’accueillir Siemens comme actionnaire pour stabiliser son capital. Et pour le jeune banquier d’afficher à son tableau de chasse un de ses premiers gros "deals".

Ami de Bernard Arnault et Martin Bouygues

Pendant ces années "Rothschild", Emmanuel Macron s’introduit dans le milieu parisien des affaires auquel Thierry Breton appartient déjà depuis longtemps. Au point que le PDG d’Atos est très proche de plusieurs patrons. Le premier d’entre eux n’est autre que Bernard Arnault, le propriétaire de LVMH. Il a été l’un de ses négociateurs dans le conflit qui l’a opposé à Hermès en 2014 après son raid en 2010. Bernard Arnault avait déjà fait entrer Thierry Breton au conseil d'administration de Carrefour, en 2008, dont il était à l’époque le premier actionnaire. Mais surtout, le fondateur de LVMH avait même envisagé de désigner l’ancien ministre comme son exécuteur testamentaire en 2013, après qu’il eut transféré la majorité de son patrimoine en Belgique.

Thierry Breton est aussi un intime de Martin Bouygues, lui aussi ami de longue date des Rothschild. Il a été administrateur de Bouygues Telecom de 2000 à 2002, juste avant de prendre la tête du rival, France Telecom. Ensemble, ils ont surtout bataillé contre l’essor de Free, le trublion des télécoms au milieu des années 2000.

Si sa nomination est validée par le Parlement européen, il pourra militer pour une politique industrielle favorable à la création de géants européens. Et relancer peut-être l’idée d’un mariage entre Alstom, dont le premier actionnaire est Bouygues, et Siemens, retoqué en début d’année par la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager. Thierry Breton connaît bien les deux patrons.