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Finances publiques

Les Français approuvent en majorité le prélèvement à la source, sauf les électeurs de Marine Le Pen

Le prélèvement à la source pour l'impôt sur le revenu pourrait entrer en vigueur au 1er janvier 2019.

Le prélèvement à la source pour l'impôt sur le revenu pourrait entrer en vigueur au 1er janvier 2019. - AFP

Cette réforme, décidée par François Hollande, recueille une majorité d’opinions favorables. Sauf chez les électeurs frontistes.

Si le prélèvement à la source, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2019, n’est pas nécessairement en odeur de sainteté du côté des entreprises, il a indéniablement les faveurs de l’opinion publique. Pas moins de 58% des Français interrogés assurent ainsi être favorables à cette réforme, selon un sondage* OpinionWay et Comdata Group pour Les Echos et Radio classique publié ce mardi.

Les efforts de communication de Bercy semblent avoir payé, avec 85% des Français qui savent que ce dispositif s’appliquera dès l’année prochaine. Les divergences entre générations sont d’ailleurs particulièrement faibles. L’écart entre les 35-49 ans, qui affichent le soutien le moins fort (55%), et les 65 ans et plus, qui ont le taux de réponses positives le plus élevé (60%), est ténu. De même, les salariés (54% d’entre eux), les chômeurs (61%) et les retraités (62%) sont tous assez largement convaincus par cette mesure.

Seuls les travailleurs à leur compte se montrent un peu sceptiques avec une petite minorité d’entre eux (48%) qui se disent favorables au prélèvement à la source. En fait, parmi eux, les opposants à la réforme ne sont pas spécialement nombreux (30%) mais ils sont surtout 22% à ne pas se prononcer sur le sujet.

Le poids des opinions politiques

Sur ce sujet, les opinions divergent surtout en fonction de l’orientation politique des répondants. Les Français qui ont voté en faveur d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle en 2017 plébiscitent le prélèvement à la source, avec 79% des personnes interrogées favorables pour 17% qui y sont opposées. Cette réforme importante avait pourtant été décidée sous le quinquennat de François Hollande, avant que sa mise en œuvre ne soit repoussée d’un an par le gouvernement actuel. Les électeurs de François Fillon (58% d’entre eux), ceux de Jean-Luc Mélenchon (59%) et de Benoît Hamon (63%) sont également favorables à la mesure.

En revanche, ceux qui ont glissé un bulletin dans l’urne pour Marine Le Pen sont majoritairement hostiles à cette réforme fiscale. 52% d’entre eux s’y opposent quand 43% l’approuvent. Cette opposition est toutefois à nuancer lorsqu’on élargit le cercle des répondants aux partisans du Front national, autrement dit à ceux qui se déclarent proches du FN sans nécessairement avoir voté au premier tour pour la candidate frontiste. Ainsi, 46% des partisans du FN se disent opposés au prélèvement à la source, quand 42% y sont favorables. Les Français qui affichent une proximité partisane avec Les Républicains sont aussi très partagés sur cette réforme: 49% s’y opposent quand 45% l’approuvent. Dans les autres cas, une majorité en faveur de cette mesure se dégage.

Crainte d’une hausse des impôts

Plus globalement, 32% des Français estiment que la correspondance entre leur situation professionnelle et leur situation fiscale est l’un des principaux avantages de la réforme. Viennent ensuite la simplification des démarches fiscales pour les contribuables (citée par 29% des sondés), la réduction du risque de fraude fiscale (28%) et la possibilité pour l’Etat de faire des économies (16%).

Du côté des inconvénients potentiels, les Français citent un plus grand risque d’erreur de la part de l’administration (36%) et la fin de la confidentialité de leur situation financière vis-à-vis de leur employeur (34%). Enfin, une majorité des Français (52%) craignent une augmentation des impôts à la suite de sa mise en place.

J.-L. D.

 *sondage réalisé par internet du 16 au 17 mai 2018 auprès d’un échantillon de 1.058 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.