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Le triple A, une perte sans grande conséquence pour la France

Standard and Poor's a été la première a privé la France du triple A, Moody's a suivi

Standard and Poor's a été la première a privé la France du triple A, Moody's a suivi - -

Il y a un an jour pour jour, le 13 janvier 2012, la France perdait le triple A, la note de crédit la plus élevée, en étant dégradée par Standard and Poor's. Mais au final, cette décision n’a pas eu de grandes répercussions, la France restant une valeur refuge pour les marchés.

Il y a un an jour pour jour, la France sortait du club très privé des pays les mieux notés au monde. Le 13 janvier 2012, elle perdait le fameux triple A, la note de crédit la plus élevée, synonyme de clémence de la part des créanciers sur les marchés financiers. L’agence de notation américaine Standard and Poor’s lui enlève ainsi ce graal, au grand dam de Nicolas Sarkozy, qui avait érigé en grande priorité la défense de cette note. “Si on perd le triple A je suis mort”, avait-il confié à un de ses proches conseillers.

A l’époque, le futur Premier ministre Jean-Marc Ayrault parlait “d’un sentiment d’humiliation”. Il craignait que les coûts d’emprunts de la France sur les marchés ne s’envolent. "La hausse des taux d'intérêts, ce sont des dettes supplémentaires pour l'Etat et pour les collectivités territoriales, c'est une charge financière de plus pour les Français, ce sont des entreprises qui ne peuvent plus accéder au crédit, c'est du temps et de l'argent gaspillé pour redresser le pays", déclarait-il.Le député PS Jean-Marie Le Guen, estimait lui que “la France va lourdement payer les conséquences” de cette dégradation.

Les chiffres donnent désormais tort aux craintes des deux hommes politiques. Le 13 janvier 2012, le taux d’emprunt à 10 ans de la France sur le marché secondaire, lieu où les investisseurs s’échangent entre eux les titres de dette d’un pays, s’élevait à 3,08%, selon Bloomberg. Un an plus tard ce même taux est descendu à 2,03%.

Une bonne opération pour les comptes de la nation

De fait, jamais les investisseurs n’ont sanctionné la perte du triple A. Ils ont même ignoré Moody’s, qui, en novembre dernier, a imité sa consoeur Standard and Poor’s en retirant à son tour le Triple A à la France. En décembre dernier, les taux à 10 ans de la France étaient ainsi passés sous la barre de 2%.Du jamais vu.

Mieux.Sur le marché primaire, c’est à dire là où un pays place ses titres de dette, l’Agence France Trésor a indiqué que l’Hexagone a emprunté 178 milliards d’euros à moyen et long terme à un taux moyen de 1,86%, en 2012. En 2011 ce même taux était de 2,80% pour un total de 184 milliards d’euros. L’écart est quasiment de 1%, ce qui représente un véritable fossé sur le marché de la dette.Pour rappel, sur de telles échéances, la moyenne historique se situe à 4,15%.

Du coup, la clémence des marchés s’est traduite par une aubaine pour l’Etat. La charge de la dette au titre de l’année 2012 a ainsi été revue plusieurs fois à la baisse par rapport aux prévisions initiales de Bercy. Lors de la dernière révision, en novembre dernier, elle se chiffrait à 46,4 milliards d’euros, ce qui représentait 2,4 milliards d’euros d'économisés.

Le AA+, la nouvelle référence des marchés ?

Mais l’attractivité de la dette française doit toutefois être nuancée, car elle est surtout due à des facteurs externes.

La crise de l’euro et l’incertitude sur les marchés ont amené les investisseurs à progressivement se détourner, en 2012, des titres de dettes des pays fragilisés de l’union monétaire (Italie, Espagne) et des actions, pour privilégier les obligations de pays jugés solides, comme l’Allemagne et la France. Autrement dit, la France a largement profité de l’aversion au risque des investisseurs.

Elle n’est pas la seule. Pour donner un exemple parlant, la Belgique a également bénéficié de ce phénomène en 2012, voyant ses taux à 10 ans passer de 4% à 2,2%, soit une baisse encore plus forte que celle de la France. Pourtant, les signaux économiques ne sont guère rassurants: la dette belge a franchi 100% du PIB l’année dernière, pour atteindre 102,4% au deuxième trimestre 2012.

Au final, le triple A serait un mythe en passe de s’effondrer. Les pays possédant cette note se raréfient. En conséquence, les investisseurs considèrent de plus en plus l’échelon inférieur, le AA+, comme la nouvelle référence du marché...

Julien Marion