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Finances publiques

Un nouveau produit financier sur la dette française

Une société allemande propose dès ce lundi un nouveau contrat sur les obligations françaises.

Une société allemande propose dès ce lundi un nouveau contrat sur les obligations françaises. - -

La société allemande Eurex, spécialiste des produits dérivés, doit lancer ce lundi un contrat à court terme sur les obligations françaises. Un instrument financier dénoncé par certains politiques qui y voient un outil de spéculation contre la dette française.

Eurex, c’est le nom de cette société allemande qui propose dès ce lundi un nouveau contrat sur les obligations françaises. Il s’agit d’un instrument qui fonctionne comme une assurance et permet à un investisseur d'acheter un titre de dette française à un prix fixé à l'avance pour éviter d'y perdre si les taux augmentent dans le temps. En clair, les investisseurs vont pouvoir acheter cette assurance sans pour autant détenir de la dette française. Résultat : si la situation de la dette française empire, si les taux d’intérêt de la dette explosent, les investisseurs toucheront un pourcentage de l’indemnité sans rien n’avoir perdu.

Ce nouveau produit financier est dénoncé par les candidats Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et François Hollande. Ils y voient un nouvel outil pour favoriser la spéculation contre la dette de la France qui atteint 1.688,9 milliards d'euros, soit 85,3 % du PIB au troisième trimestre 2011. François Hollande a même récemment demandé à l'Allemagne de faire annuler l'introduction de ce contrat. Jean-Pierre Jouyet, le président de l'AMF a dénoncé, lui aussi, cette introduction estimant que ce n'était pas un bon signal en pleine présidentielle française.

« Il y a déjà des moyens de spéculer sur la dette »

Alexandre Delaigue est professeur d'économie, selon lui, « ce qu’il ne faut pas oublier c’est que d’ores et déjà, il y a des tas de moyens de spéculer sur la dette française. Rien ne vous empêche dès aujourd’hui d’attaquer la France en vendant vos titres. Or, ce qu’on constate c’est que depuis le mois de janvier, les taux sur la dette française sont parfaitement plats. Donc ça signifie que dans l’ensemble, il n’y a pas de raisons particulières de penser que les marchés ont besoin d’une sorte d’outil pour pouvoir enfin attaquer la dette française ».

« Ça coûterait des milliards d’euros à la France »

Thomas Coutreaux est économiste, et co-président d'Attac. Pour lui, ce nouveau produit peut être risqué et pourrait coûter cher à la France : « l’idée c’est que si beaucoup d’investisseurs, sur les marchés financiers, achètent ces produits, ça veut dire que ces gens pensent que la situation est en train de s’aggraver. Ça risque de propager une panique, une angoisse et du coup ça va avoir un effet réel sur les taux d’intérêts. C’est-à-dire que les marchés, voyant que la situation de la France est dramatique, vont eux-mêmes augmenter les taux d’intérêts qu’ils demandent à la France. C’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice. Beaucoup de gens pensent que les taux d’intérêts vont augmenter et du coup les taux d’intérêts augmentent. Ca coûterait des milliards d’euros au budget de la France. On pourrait avoir une sorte de spirale incontrôlable sur le taux d’intérêt de la dette française ».

La Rédaction avec Antoine Perrin