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Une nationalisation ferait tomber le dernier triple A de la France

Fitch ratings s'inquiète de la nationalisation d'une entreprise par l'Etat français

Fitch ratings s'inquiète de la nationalisation d'une entreprise par l'Etat français - -

L’agence de notation Fitch a décidé de maintenir à son plus haut niveau la note de la France, ce vendredi 14 décembre. Elle invite toutefois à ne pas procéder à de nouvelles nationalisations, au risque de se voir dégradée.

La France garde un triple A mais reste sous perspective négative. L’agence de notation Fitch Ratings a, en effet, maintenu, ce vendredi 14 décembre, la note du pays à son plus haut niveau. Elle confirme toutefois la perspective négative, ce qui signifie qu’elle pourrait revoir à la baisse son jugement en 2013. Fitch estime, pour le moment, que la France a un peu plus de 50% de chances d’être dégradée l’année prochaine.

Dans son communiqué, l’agence dresse un tableau de l’économie française qui semble moins noir que celui peint par sa consoeur Moody’s, lorsque cette dernière a privé la France du triple a au mois de novembre dernier. Voici un tour d’horizon des bons et des mauvais points adressés par Fitch à l’Hexagone.

Les mauvais points

> Le risque des nationalisations

Tout d’abord, Fitch ne semble pas voir d’un bon œil le bras de fer entre l’Etat et ArcelorMittal.Dans ce dossier l’exécutif avait enivsiagé la possibilité d'une nationalisation du site Florange.

Et Fitch a bien précisé, dans son commentaire, que la note de la France "est potentiellement sensible à des décisions qui auraient pour effet d'augmenter de façon importante la dette publique" "du fait d’une intervention de l’Etat dans l’économie et l’industrie nationales". Une mise en garde donc, face à de possibles nationalisations de la part de l'Etat français.

> L'endettement plus élevé que les autres pays triple A

L’agence note ensuite que que le déficit budgétaire et l’endettement français sont plus élevés que dans d’autres pays notés triple A. Fitch indique, d’ailleurs, qu’elle prévoit une dette français qui atteindra 94% du PIB de la France en 2014, alors que le gouvernement table sur un pic de 91% en 2013, avant une décrue progressive, jusqu’à 82% en 2017.

Et Fitch rappelle que le taux d’endettement médian des autres pays AAA se situe à 53% du PIB. L’agence prévient qu’elle guettera les engagements budgétaires de la France, qui prévoit de ramener le déficit à 3% du PIB l’année prochaine. Une tâche d’autant plus ambitieuse que l’agence rappelle que les prévisions de croissance du gouvernement pour 2013 (0,8%) et 2014 (2%) sont inférieures à ses propres estimations, qui font état d’une croissance de 0,3% pour 2013 et 1,1% l’année suivante.

> Une compétitivité en berne

Sans surprise, comme Moody’s, Fitch s’inquiète de la compétitivité française. "En comparaison avec les autres pays triple A, la flexibilité et le dynamisme de l’économie sont limités par les rigidités du marché du travail par un climat d’affaires moins favorables", écrit l’agence. Et Fitch de rappeler une nouvelle fois que sur le terrain de la compétitivité, la France cède du terrain à l’Allemagne. Elle voit des risques pour l’emploi et la croissance française dus à ce faible dynamisme.

Les bons points

> De bons fondamentaux économiques

En premier lieu, l’agence souligne "la richesse et la diversification de l’économie" française ainsi que l’environnement favorable du pays, citant la stabilité de ses institutions politiques, civiles et sociales. Elle observe aussi que l’inflation française est "stable".

> Des ménages français raisonnables

L'agence pointe le comportement ceux des ménages français. Pour l’agence, ces derniers ont un endettement "modéré" et possède un taux d’épargne "relativement élevé". Selon, l’Insee, les Français consacraient 16,1% de leur revenu pour épargner, en 2011.

> La France, emrunteur de référence de la zone euro

Fitch note également l’exceptionnelle flexibilité financière de la France qui reflète son "statut de grand émetteur de référence de la zone euro". Il est vrai que l’Hexagone n’a jamais emprunté à des taux aussi bas. Le 5 décembre dernier, les coûts d’emprunts à 10 de la France sont ainsi passés sous les 2%. Du jamais vu.

> le crédit d'impôt et le pacte bugdétaire

Fitch semble satisfait de certains engagements pris par la France. L’agence écrit ainsi que "la transposition de pacte budgétaire européen", qui comprend notamment la règle d’or, validée hier par le Conseil constitutionnel, "devrait améliorer la crédibilité de l’effort de consolidation fiscale" pris par la France.

Dans la même veine, Fitch souligne que le gouvernement a pris conscience du déficit de compétitivité des entreprises tricolores et rappelle que l’exécutif a en ce sens décidé de mettre en place un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros. "La prise en compte par le gouvernement de la nécessité de renforcer la compétitivité et la création
d’emplois ont été des facteurs de soutien du statut ‘AAA’ de la France", explique Fitch.

Julien Marion