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Veillée d'armes à Matignon avant la mobilisation contre la réforme des retraites

Un séminaire gouvernemental était prévu dimanche sur la réforme des retraites autour d'Edouard Philippe

Un séminaire gouvernemental était prévu dimanche sur la réforme des retraites autour d'Edouard Philippe - Lucas BARIOULET / AFP

Le gouvernement se retrouve au grand complet ce dimanche autour du Premier ministre Edouard Philippe pour accorder ses violons sur la très contestée réforme des retraites qui risque de paralyser le pays à partir de jeudi.

Dans la perspective d'un mouvement de grève qui promet d'être massif et potentiellement durable, l'exécutif multiplie les réunions pour établir une ligne de défense commune autour de cette réforme emblématique voulue par Emmanuel Macron.

Vendredi déjà, plusieurs ministres se sont rencontrés à Matignon pour passer en revue les plans de continuité des services publics en cas de blocage du pays: organisation des transports, accueil dans les écoles et les hôpitaux, ou encore télétravail.

Car c'est bien un jeudi noir qui s'annonce: SNCF, RATP, Air France, contrôleurs aériens, EDF, poids lourds, raffineries, enseignants, étudiants, policiers, avocats, magistrats, éboueurs... la mobilisation contre le projet de fusion des 42 régimes de retraite existants en un système universel par points s'annonce importante, alors que la CGT, FO, la FSU et Solidaires ont appelé à une grève interprofessionnelle.

"Je pense qu'il y aura une mobilisation forte des organisations syndicales et un risque de blocage à la RATP et à la SNCF", concède le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Avant d'ajouter toutefois: "N'intériorisez pas le fait que l'on reculera sur les retraites, ce ne sera pas le cas car cette réforme est juste".

"Les régimes spéciaux de retraite ne se justifient plus"

"Nous n'échouerons pas, la réforme se fera", abonde le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin dans le Journal du Dimanche, ajoutant qu'"on a du mal à comprendre pourquoi l'Etat verse chaque année 8 milliards d'euros" pour équilibrer les régimes spéciaux "sur nos impôts". Le ministre estime que cette situation ne se justifie plus. 

A Matignon dimanche après-midi, il s'agira donc une nouvelle fois de "travailler à la mobilisation complète de l'Etat pour limiter au maximum l'impact de la grève pour les Français", selon l'entourage du Premier ministre, mais aussi de faire le point sur les discussions avec les syndicats.

Accusé par l'opposition d'entretenir volontairement le flou sur ses intentions, l'exécutif a envoyé ces derniers jours des signaux à la fois d'ouverture et de fermeté. Intransigeant sur l'objectif. Mais ouvert à la discussion et soucieux d'un dialogue "sans brutalité", selon les mots d'Edouard Philippe.

"Si l'objectif de la grève est de nous faire renoncer à la réforme, ce sera difficile de trouver un compromis", avertit Gérald Darmanin. En revanche, "s'il s'agit de préciser certains points, d'intégrer des revendications légitimes ou de mettre en place des calendriers de transition adaptés, le Premier ministre a dit que sa porte était ouverte", rappelle le ministre, soulignant que "toutes les réformes des retraites ont suscité de fortes contestations".

Si la mobilisation s'annonce importante jeudi, les Français se disent toutefois très largement favorables à une réforme du système de retraites. Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, 76% des personnes interrogées souhaitent une réforme, mais 64% des français disent ne pas faire confiance au gouvernement pour la mener.

Sandrine Serais avec AFP