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Villepin rejoue Chirac au Salon de l'Agriculture

Dominique de Villepin a fait l'expérience de sa popularité au Salon de l'Agriculture, un terrain laissé libre jusqu'à samedi par Nicolas Sarkozy. Entouré d'une nuée de micros et d'objectifs, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a passé la journée a

Dominique de Villepin a fait l'expérience de sa popularité au Salon de l'Agriculture, un terrain laissé libre jusqu'à samedi par Nicolas Sarkozy. Entouré d'une nuée de micros et d'objectifs, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a passé la journée a - -

par Clément Guillou PARIS - Dominique de Villepin a fait l'expérience de sa popularité au Salon de l'Agriculture, un terrain laissé libre jusqu'à...

par Clément Guillou

PARIS (Reuters) - Dominique de Villepin a fait l'expérience de sa popularité au Salon de l'Agriculture, un terrain laissé libre jusqu'à samedi par Nicolas Sarkozy.

Entouré d'une nuée de micros et d'objectifs, suivi comme son ombre par quelques députés du Club Villepin, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a passé la journée au salon: une performance digne de l'ancien président, même s'il réfute la comparaison.

Au bout d'une heure et demie, les caméras ont disparu et Dominique de Villepin, considéré comme un rival potentiel de Nicolas Sarkozy à droite depuis la fracture de l'affaire Clearstream, s'est lancé dans un bain de foule, multipliant photos et autographes.

Lorsque le chef de l'Etat s'y était essayé, en 2008, un passant avait refusé sa main tendue. Il avait alors répliqué d'un "Casse-toi pauv'con" resté dans les mémoires.

Pour Marie-Anne Montchamp, députée UMP villepiniste du Val-de-Marne, Nicolas Sarkozy a eu tort de ne pas inaugurer le salon samedi dernier, "un usage protocolaire républicain".

Le chef de l'Etat le clôturera samedi.

"Il y a plein de circonstances dans notre vie publique où l'on prend, comme ça, des bains de foule, où on vient tout simplement se faire interpeller, où les gens peuvent dire au président 'Ça ne va pas'. La République, c'est cette relation directe du président avec les Français", dit-elle.

Le Salon de l'Agriculture a horreur du vide et Dominique de Villepin se fait une joie de le combler.

"C'est bon parce qu'on voit qu'il est à l'aise là-dedans", dit Daniel Garrigue, député de Dordogne. "Ça lui fait du bien."

Depuis sa relaxe dans l'affaire Clearstream et dans l'attente du procès en appel, Dominique de Villepin laboure la France que le président ne visite plus sans protection renforcée.

La banlieue, à Bondy en Seine-Saint-Denis, ou le monde agricole, dans le Finistère, et cette "ferme géante" qu'est le Salon de l'Agriculture.

Le Club Villepin compte, selon sa fondatrice Brigitte Girardin, une grosse dizaine de milliers d'adhérents et il espère porter leur nombre à 100.000 d'ici fin 2010.

"VIVE L'APPÉTIT"

Selon un sondage Ipsos paru mercredi, Dominique de Villepin n'est pas encore vu comme une alternative au chef de l'Etat: seuls 11% des sympathisants UMP jugent qu'il ferait un bon remplaçant à Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle.

Porte de Versailles, les visiteurs sont plus diserts sur le physique de l'ancien Premier ministre que sur ses différences avec son rival.

"Qu'il est beau, c'est le plus beau", crie l'un, ironique. "L'avantage avec Villepin c'est qu'il est grand dans la foule. C'est sûr qu'avec Sarkozy ce sera pas facile", objecte un autre.

"Vous serez le plus beau des présidents", estime une passante, tandis que d'autres s'énervent de l'attroupement autour de ce spécialiste de la course de fond: "C'est bon, on l'a déjà vu courir".

Vincent Poussard, conseiller culinaire de la région Aquitaine, a vu passer Jacques Chirac, passé maître dans les bains de foule, au Salon de l'Agriculture et ose une comparaison.

"Jacques Chirac, c'était le terroir au coeur du terroir, et Dominique de Villepin, c'est le raffinement au coeur du terroir. Quelqu'un de souriant, agréable, qui pose des questions et qui a mangé", dit-il.

Ce qui différencie le maître de l'élève ? Chirac aime la bière, Villepin le vin, dit l'ancien Premier ministre qui a tout de même pris une rasade de houblon.

"Aujourd'hui, il ne s'agit pas de battre un record ou de jouer dans un catégorie qui n'est pas la sienne", poursuit-il. Pour l'instant, il se contente "d'apprendre et de comprendre" les problèmes des agriculteurs. Pour les aider, il promet de "manger, manger, manger".

La semaine dernière, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, tenus à distance par la justice, ont déjeuné ensemble dans un restaurant parisien, pour la première fois depuis la mise en examen de l'ancien Premier ministre en juillet 2007.

"Le meilleur conseil qu'il m'a donné ce coup-là, c'est son coup de fourchette", raconte Dominique de Villepin.

"Vive l'appétit, parce que c'est indispensable, en politique comme à table."

A ceux qui évoquaient l'élection présidentielle de 2012, il a répondu: "Avant l'heure, c'est pas l'heure, et les problèmes de la France d'aujourd'hui ce ne sont pas ceux d'une campagne électorale".

Edité par Sophie Louet