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Voitures électriques : Bruno Le Maire veut des batteries européennes

Selon le ministre de l'Economie, créer une industrie automobile de pointe avec des composants et des batteries asiatiques n'aurait «aucun sens».

Selon le ministre de l'Economie, créer une industrie automobile de pointe avec des composants et des batteries asiatiques n'aurait «aucun sens». - SEBASTIEN BOZON / AFP

En visite au Mondial de l'Automobile, le ministre de l'Economie et des Finances s'est dit en faveur à la formation rapide d'une filière structurée de la batterie, qui alimenterait l'industrie automobile française et/ou européenne. Faute de quoi, il estime que l'essentiel de la plus-value de l'auto du futur ne bénéficiera qu'aux industriels asiatiques.

«Créer l'automobile électrique du futur en utilisant des composants uniquement asiatiques, ça n'a aucun sens». Bruno Le Maire, qui rencontrait de manière informelle plusieurs représentants des PME françaises de l'automobile, a souligné la nécessité d'une véritable indépendance, d'une « souveraineté technologique » française et européenne sur le secteur de la batterie.

Les initiatives en ce sens ont débuté, ainsi que des investissements conséquents, mais tout cela reste pour l'instant ponctuel et limité à des coopérations entre plusieurs grands groupes européens, notamment Total via sa filiale Saft, le chimiste Solvay, ainsi que les allemands Siemens et Manz. Mais aucune filière structurée, aucun champion européen de la batterie à l'horizon pour le moment.

40% de la valeur d'une auto électrique

« Le gouvernement allemand a investi 6 milliards d'euros pour la formation de sa propre filière technologique », indique Bruno Le Maire. « On ne doit pas être chacun de son côté, il faut être capable de converger. Sinon, les constructeurs n'auront d'autre choix que de se fournir en Chine. C'est une grande partie de la chaîne de valeur qui risque de s'y déplacer », ajoute-t-il.

Une crainte partagée par les constructeurs eux-mêmes, qui appellent de leurs vœux également la création d'une filière française, et/ou européenne structurée, capable de fournir l'ensemble de l'industrie avec une technologie fiable et disponible. Une nécessité pressante, d'autant que l'ensemble des composants dont il est question représentent environ 40% de la valeur d'une voiture électrique.

Contraintes multiples

Pourtant, même si les constructeurs se déclarent favorables à une telle initiative, en coulisse, on est un peu plus mesuré. « On serait ravi d'avoir un champion européen de la batterie, mais on veut aussi garder le choix de nos fournisseurs, et pas se faire imposer qui que ce soit », dit-on de source officieuse. 

« Le paramètre-clé en matière de décision à ce niveau, ça reste le prix des batteries et des composants, à qualité égale. Et avec la forte hausse de la demande, de l'offre de véhicules propres, et des contraintes en matière environnementale imposées par l'Europe, il faut avancer très vite, et se fournir chez celui qui dispose de ce dont on a besoin! » ajoute-t-on.

Tout reste à faire donc pour structurer cette filière encore naissante et qui, comme beaucoup d'aspects de l'automobile du futur (électronique de bord, systèmes de recharge et infrastructure), manque encore d'une direction et d'une volonté commune en la matière. 

Antoine Larigaudrie