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Finances publiques

Y-a-t-il encore des impôts de droite et des impôts de gauche?

La TVA sociale de Nicolas Sarkozy a été abrogée par François Hollande

La TVA sociale de Nicolas Sarkozy a été abrogée par François Hollande - Yoann Valat-AFP

Le mea-culpa de François Hollande sur la suppression de la TVA sociale voulue par Nicolas Sarkozy en 2012 pose cette question: les impôts ont-ils une couleur politique?

C'est une confidence qui fait couler beaucoup d'encre depuis hier. "Si c'était à refaire, j'aurais gardé la TVA sociale décidée par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget qu'il nous a laissé", reconnaît le chef de l'Etat dans le livre de la journaliste du Monde Françoise Fressoz, Le stage est fini ( Albin Michel) qui paraît ce jeudi.

La droite y voit déjà la preuve des erreurs politiques de François Hollande quand la gauche de la gauche y perçoit une confirmation de son virage social-libéral.

Mais cette polémique sur la TVA sociale dépasse ce seul prélèvement. Elle entraîne une question toute simple: y-a-t-il encore des impôts de droite et des impôts de gauche? 

La gauche n'aimait pas la TVA

Il fut un temps où il suffisait d’évoquer la TVA devant un responsable socialiste pour qu’il s’étrangle: la TVA, c’était le mauvais impôt par excellence, celui qui taxait aveuglement la consommation des ménages modestes.

Et que dire de la TVA sociale, louée à droite depuis les années 2000 et qui n’était alors pour la gauche qu’un moyen de baisser les charges des entreprises au détriment des consommateurs.

Sauf que les lignes ont bien changé. Le 7 octobre 2011, un certain Manuel Valls alors candidat à la candidature PS pour les élections présidentielles écrit dans une tribune aux Echos: "oui, la TVA sociale est une mesure de gauche".

Et en 2014, c’est François Hollande qui décide d’augmenter certains taux de TVA pour financer son pacte de responsabilité. Si bien que la TVA est devenue de facto un impôt de gauche....

La CSG est louée par la droite

A l’inverse, la CSG créée par un gouvernement de gauche, celui de Michel Rocard en 1990, est désormais vouée aux gémonies par une grande partie de cette même gauche. La contribution sociale généralisée taxant tout le monde au même taux, à la différence de l’impôt sur le revenu qui est, lui, progressif, pèserait trop lourdement sur les foyers modestes.

D’où par exemple l’initiative que va prendre l’ancien premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault lors de la prochaine discussion budgétaire pour alléger la CSG sur les bas salaires en instaurant une certaine dégressivité. 

En revanche, la droite loue désormais cette "flat tax" à la Française qu’elle présente comme le bon prélèvement par excellence, simple et à taux faible. 

L'ISF, dernier marqueur politique

Finalement, il ne reste plus qu’un impôt véritablement étiqueté de gauche: l’impôt sur la fortune. La preuve: que ce soit Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou François Fillon, tous les candidats de droite à la présidentielle de 2017 ont promis de le supprimer s’ils sont élus.

Sauf que l'ISF rapporte de plus en plus grâce en particulier aux repentis fiscaux. Ce qui signifie qu’il sera difficile pour la droite de s’en passer pour remplir les caisses de l’Etat.

P.C