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Ghosn: Nissan élargit son enquête à d'autres pays

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- - Martin BUREAU / AFP

Nissan élargit son enquête interne. José Munoz, haut dirigeant de Nissan Motor, jette l'éponge.

José Munoz, 53 ans, avait rejoint Nissan en 2004. Considéré comme un proche de Carlos Ghosn, il a démissionné ce vendredi, mais se dit prêt à assister Nissan dans son enquête.

Cette démission intervient alors que le constructeur japonais élargit son enquête à d'autres pays. Nissan passerait notamment en revue des décisions prises aux Etats-Unis par José Munoz, qui a dirigé les opérations nord-américaines du groupe entre 2014 et 2018. Le groupe s'intéresse à des transactions qui ont eu lieu aux Etats-Unis, mais aussi en Amérique latine et en Inde.

Nissan avait annoncé la semaine dernière que José Munoz, alors directeur de la performance du constructeur, avait pris un congé pour «lui permettre de soutenir l'entreprise en se concentrant sur des tâches spéciales résultant des événements récents». Une source avait alors qualifié José Munoz de «personne d'intérêt» de l'enquête, tout en ajoutant qu'il n'était pas facile de dire à ce stade s'il allait être accusé d'actes répréhensibles. Quelques jours plus tard, le haut dirigeant a donc décidé de quitter ses fonctions en pleine tempête.

Certaines questions posées à Jose Munoz seraient en lien avec les droits des concessionnaires franchisés. D'autres tournent autour des contrats avec des fournisseurs de pièces et des prestataires de services signés par José Munoz.

La tension monte entre Renault et Nissan

Près de deux mois après l'arrestation de Carlos Ghosn, la tension est encore montée d'un cran entre Renault et Nissan. Le groupe français évoque «une campagne de déstabilisation» après des révélations visant une de ses dirigeantes, Mouna Sepehri. Cette proche de Carlos Ghosn et directrice déléguée à la présidence de Renault aurait reçu près de 500.000 euros répartis sur plusieurs années en tant que membre du directoire de l'alliance Renault-Nissan.

Mouna Sepehri «est la seule des neuf administrateurs à avoir reçu une rémunération payée directement par la société Renault-Nissan BV», la holding néerlandaise chapeautant le partenariat entre les constructeurs automobiles français et japonais, a commenté une source proche du dossier.

Faux, assure le constructeur français qui souligne que «d'autres cadres de Renault et de Nissan, dans le cadre de missions spécifiques pour l'Alliance, touchent des indemnités de (sa) part». Renault a dénoncé dans un communiqué une «mise en cause (...) qui s'insère dans une campagne de déstabilisation délibérément orchestrée».

A Paris, une source évoque même une machination et des fuites orchestrées par un responsable de Nissan. Mouna Sepehri, entrée chez Renault en 1996 à l'époque de l'ancien PDG, Louis Schweitzer, est «une des personnes à l'origine de l'Alliance, ce qui pourrait expliquer qu'elle soit dans la ligne de mire», estime cette source.

Tout cela alors que le parquet de Tokyo a annoncé vendredi que Carlos Ghosn était inculpé de deux chefs d'accusation supplémentaires: abus de confiance et minoration de ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018, ce qui confirme l'hypothèse d'un maintien en détention pour plusieurs mois encore

Sandrine Serais