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5G: Orange, Free, SFR... La France s'attelle à l'équation des enchères

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Si le gouvernement n’avait pas fermé la porte il y a quelques mois à des attributions sans enchères en contrepartie d’obligations fortes pour les opérateurs, un tel scénario ne semble pas tenir la corde aujourd’hui.

La 5G est au coeur des préoccupations des opérateurs téléphoniques. Avec un débit potentiellement dix fois supérieur et un délai de réaction (“latence”) nettement réduit, elle promet de nouveaux usages en connectant tout, depuis les objets du quotidien jusqu’aux grandes infrastructures.

Dans cette future course au déploiement de la 5G, le nerf de la guerre est constitué par les bandes de fréquences, ressources rares et convoitées, attribuées par les gouvernements selon des modalités qui peuvent varier.

Le montant élevé de 6,55 milliards d’euros atteint au début du mois en Italie, l’un des premiers pays en Europe à organiser des enchères, a désarçonné analystes financiers et agences de notation qui s’inquiètent de son impact sur les modèles économiques des opérateurs italiens.

Les investisseurs, qui boudent le secteur des télécoms en Bourse, scrutent désormais les prochaines enchères.

A la différence d’autres pays comme l’Allemagne où la ressource est disponible sans difficulté, la France prévoit d’attribuer des bandes de fréquences qui, dans le cas du 3,5 GHz, sont déjà occupées pour partie par d’autres utilisateurs avec des autorisations allant pour certains jusqu’à 2026.

Si l’Arcep soumet à consultations plusieurs solutions techniques pour surmonter cet obstacle, il est possible que la quantité de fréquences disponibles au moment des enchères à l’été 2019 soit restreinte par rapport aux desiderata des opérateurs Orange, Bouygues Telecom, SFR (Altice) et Free mobile (Iliad).

Un coût élevé des fréquences pourrait constituer un problème supplémentaire pour des opérateurs français qui s’affairent encore à déployer la 4G, dont ils n’ont pas réussi à monétiser le progrès technologique dans le prix de leurs forfaits, parmi les plus bas d’Europe.

Si le gouvernement n’avait pas fermé la porte il y a quelques mois à des attributions sans enchères en contrepartie d’obligations fortes pour les opérateurs, sur le modèle de l’accord inédit conclu dans la 4G cette année, un tel scénario ne semble pas tenir la corde aujourd’hui.

Pas de "new deal" en vue

En outre, la nature des ressources en jeu - des bandes de fréquences hautes qui permettent difficilement une couverture exhaustive de la population - se prête mal à un échange de bons précédés “fréquences contre obligations renforcées”.

L’option d’un “concours de beauté” entre candidats, qui pourrait permettre de contourner l’obstacle, semble aussi difficile à mettre en oeuvre.

En revanche, la recherche du jackpot financier n’apparaît plus comme la priorité de l’exécutif français qui a la main sur la valorisation des fréquences, souligne le dirigeant de l’Arcep.

En imposant de nouveaux investissements à des opérateurs éprouvés par une guerre des prix sans fin, les enchères pourraient être le déclencheur d’une consolidation d’un marché français qui n’en a jusqu’ici jamais trouvé la clef.

Autre enjeu de taille aux yeux de l’Arcep, la capacité des acteurs industriels, grandes infrastructures, collectivités à se saisir du processus, qui pourrait ne pas être ouvert qu’aux opérateurs, pour imaginer de nouveaux modèles économiques.

Si la pression est forte en Allemagne, notamment de la part du secteur automobile, l’Arcep ne constate pas pour l’instant le même empressement dans l’Hexagone en dépit des possibilités ouvertes par la 5G pour les objets connectés, la logistique, la santé, les véhicules connectés ou encore l’agriculture.

La rédaction avec Reuters