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Antoine Jouteau (Leboncoin): "nous allons payer plusieurs millions d'euros de taxe Gafa"

Le directeur général du site de vente de produits d'occasion estime que la taxe Gafa va lourdement pénaliser certains acteurs français et européens.

Avec ses 300 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018 et ses 4 milliards d'euros de valorisation, Leboncoin n'a pas besoin de faire partie de la liste Next40, qui recense les pépites de la French Tech, mais son directeur général Antoine Jouteau salue l'initiative.

Sur le plateau de Good Morning Business ce jeudi, la patron du site de vente d'objets d'occasion estime que "l'initiative est quand même intéressante d'essayer de créer d'autres géants. Je pense que ça va être le salut français".

Par contre, Antoine Jouteau reste très remonté contre la taxe GAFA mise en place par le gouvernement qui, selon lui, va pénaliser certains acteurs européens et français comme son groupe. De par ses revenus et son rôle d'intermédiaire, Leboncoin est en effet concerné par cet impôt.

"On a l'impression de passer deux fois à la caisse"

"Nous allons payer plusieurs millions d'euros", indique le responsable qui ajoute: "Nous avons beaucoup lutté contre cette taxe, en deux temps puisque la première phase, on était plutôt favorable à cette taxe. On était plutôt favorable à une équité fiscale, on réclamait cette équité fiscale depuis des années. Quand les premiers échanges ont eu lieu, je ne pouvais pas tellement dire que je n'étais pas d'accord. Par contre, c'est vrai que la mise en place de cette taxe s'est retournée contre les entreprises qui la réclamaient et notamment les entreprises et les fleurons européens".

Et de poursuivre : "Nous on paye nos impôts en France. (...) Cette année on va payer 55 millions d'euros d'impôt sur les sociétés. Le timing a été terrible pour nous puisque nous avons fait notre entrée en Bourse (Adevinta, maison-mère norvégienne du site Leboncoin, est entrée à la Bourse d'Oslo en avril dernier, NDLR) (...) donc on a eu beaucoup de questions sur ce sujet. Donc on considère qu'on va la payer comme quelques acteurs français et beaucoup européens qui vont être lourdement impactés par cette taxe, alors que, par ailleurs, on est déjà taxé et qu'on a choisi de le faire. Les montages fiscaux qui ont été faits sur le groupe Leboncoin ont la volonté de jouer le jeu. Donc c'est vrai qu'on a l'impression de passer deux fois à la caisse. J'ai suffisamment râler auprès du gouvernement pour qu'il le sache". 

Antoine Jouteau mise-t-il néanmoins sur un remboursement d'un éventuel trop-perçu par le fisc français lorsque l'OCDE aura trouvé un accord sur une taxe similaire à l'échelle mondiale, comme le prévoit les négociations franco-américaines sur le sujet pour les Gafa? "Attendons de voir quel va être le fonctionnement. Ça me paraît être un bon mécanisme. (...) J'attends avec impatience ce crédit d'impôt ou ce remboursement".

Olivier Chicheportiche