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Chez Facebook, le télétravail permanent ne fait pas que des heureux

Le roi des réseaux sociaux souhaite que la moitié de ses salariés puissent travaillent de chez eux de manière permanente d'ici 5 à 10 ans. Mais selon Matthieu Soulé de l'Atelier BNP Paribas, l'annonce fait débat.

L'épidémie de coronavirus a clairement fait émerger le télétravail dans le monde. Et certaines entreprises souhaitent désormais le généraliser, massivement observant que ce mode de travail n'impactait pas spécialement la productivité des salariés.

Les entreprises high-tech américaines sont d'ailleurs les premières à envisager cette révolution culturelle. Twitter, Square, Coinbase mais aussi Facebook qui annoncé la semaine dernière que la moitié des employés pourraient travailler de chez eux, de façon permanente, d'ici 5 à 10 ans.

Le géant des réseaux sociaux va être "l'entreprise la plus en avance au monde sur le travail à distance", a assuré le fondateur et patron de Facebook, qui comptait 45.000 employés dans le monde fin 2019. Une sorte de surenchère entre géants du secteur qui ne fait pas que des heureux.

Certes, le télétravail est plébiscité par les salariés en général mais peu le voient comme un mode de travail permanent et certains n'en veulent tout simplement pas.

Comme le souligne Matthieu Soulé, directeur général adjoint de l'Atelier BNP Paribas US sur BFM Business, "il y a 40% des gens (les salariés de Facebook sondés par la direction, NDLR) qui si ils pouvaient souhaiterait bosser en permanence à distance et 50% des employés qui par contre ne rêvaient que d'une chose c'est finalement de revenir au boulot. Donc il y a vraiment une scission interne". Et on est très loin de l'unanimité...

Baisse de salaire

Mais du côté de la direction, le pli semble pris. Mark Zuckerberg, le patron de Facebook "a admis que lui même pensait que la meilleure façon de bosser c'était dans les bureaux notamment pour des questions de productivité et d'innovation (...) mais qu'il a changé d'avis depuis trois mois puisqu'il s'est rendu compte que finalement un nouveau paradigme est en train d'arriver et qu'il fallait trouver de nouvelles façons de travailler même sur des sujets sensibles", ajoute Matthieu Soulé.

Cerise sur le gâteau, cette proposition pourrait s'accompagner d'une baisse de salaire si les salariés acceptant de télétravailler en permanence quittent la Bay Area de San Francisco où est le siège de Facebook. "Sur les employés existants, on va leur demander où ils vont habiter (...) et en fonction de ça ils feront un réajustement de salaire en fonction du coût de la vie". Une annonce qui fait aussi grincer des dents.

Rappelons qu'en France, selon une étude de CSA pour Malakoff Humanis, 73% des télétravailleurs interrogés (et 58% des nouveaux télétravailleurs) souhaitent demander à pratiquer le télétravail après le confinement de manière régulière (pour 32%) ou ponctuelle (41%).

Pour autant, les télétravailleurs ressentent une dégradation de la qualité du lien social (pour 39% d’entre eux) qu’ils estiment difficile à maintenir malgré les outils digitaux. 33% d'entre-eux estiment que ce contexte particulier de télétravail a un impact négatif sur leur charge de travail, et 30% sur leur motivation.

Olivier Chicheportiche