BFM Business
Services

Chez Google, le projet militaire Maven sème la discorde et provoque des démissions

Google déçoit ses salariés qui n'apprécient pas que leur employeur travaille avec le Pentagone

Google déçoit ses salariés qui n'apprécient pas que leur employeur travaille avec le Pentagone - Isaac Brekken / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Google devient-elle une société de cyber-défense? C'est ce que craignent des salariés du groupe depuis qu'un projet d'intelligence artificielle pour le Pentagone a été dévoilé dans la presse. Une douzaine d'employés ont décidé de démissionner pour affirmer leur opposition à cette stratégie.

Depuis trois mois, le projet Maven n’en finit plus de créer des divisions au sein des équipes de Google. Il s’agit d’un contrat avec le Pentagone pour développer une intelligence artificielle afin d’équiper des drones de reconnaissance. En découvrant ce plan dans la presse, une pétition signée par 4000 salariés a été envoyée à Sundar Pichai, CEO du groupe californien. Désormais, comme le révèle le site Gizmodo, une douzaine d’employés ont décidé de quitter l’entreprise pour afficher leur désaccord sur ce contrat passé avec le Pentagone.

Pour ces démissionnaires, la culture ouverte et altruiste de Google s’efface peu à peu. Sur Gizmodo, ils indiquent que depuis la pétition contre le projet Maven, la direction a changé d’attitude à leur égard. "Les cadres sont devenus moins transparents sur les décisions commerciales controversées et semblent moins intéressés à écouter les objections des travailleurs que par le passé", expliquent les salariés dans un document interne.

Google et Instagram dans un "Think Tank" du Pentagone

Ils estiment que l’utilisation des algorithmes dans des applications militaires est plus "meurtrier" que si la reconnaissance de cibles était faite par des humains. Enfin, ils considèrent que Google ne devrait pas s’impliquer dans des technologies militaires.

Cette prise de conscience des relations entre le géant de l’internet et la cyberdéfense arrive-t-elle trop tard ? Sans doute. Plusieurs membres de Google ou d’Alphabet, maison-mère de Google, comment Eric Schmidt ou Milo Medin, font partie du Conseil d’innovation de la défense, un "think Tank" créé par le Pentagone. Dans ce comité, on trouve également d’autres dirigeants d’entreprises tech comme Marne Levine, directrice des opérations d’Instagram, mais aussi Jennyfer Pahlka, la fondatrice de l'ONG Code for America.

Google en rendez-vous avec l'Otan à Londres

Mais au-delà des États-Unis, Google s’investit de plus en plus dans la cyberdéfense en toute discrétion. Lors de la conférence Cyber Defense Pledge qui s’est tenu ce mardi 15 ami à Paris, Rose Gottemoellen, secrétaire générale déléguée de l’Otan (Organisation du traité de l'Atlantique nord), a évoqué une réunion avec le groupe californien qui s’est tenu la veille en Grande-Bretagne. Il y était question de développer des moyens d’identifier les cybermenaces.

Dans un entretien au journal suisse Le Temps, le général français Denis Mercier, responsable des moyens futurs de l’Otan, explique comment le big data et de l’intelligence artificielle peuvent être utilisé dans la cyber défense. Il cite Google qui arrive à identifier les maladies en exploitant les données de recherche. Selon ce responsable, cette anticipation peut être traduite "en termes militaires", sans dire si l'idée a déjà été évoquée avec le groupe américain.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco